Ecologie et Goncourt

6 novembre 2017,

par Christophe Chelten

L’écologie dérange les historiens. Elle annonce la fin éventuelle de l’Histoire. Les historiens n’aiment pas quitter les pistes, pour ne pas dire les ornières, qu’ils ont utilisées pour raconter l’histoire de l’espèce humaine. Ce sont l’histoire des nations, de leurs frontières, de leurs gouvernants, de leurs conflits, de leurs économies, de leurs idéologies, de leurs cultures… L’écologie et sa problématique planétaire les dérange.

L’écologie dérange tout le monde dans la mesure où elle ne s’intéresse  pas seulement aux humains et à leurs affaires mais à toute la biosphère dans laquelle l’homme tient une toute petite place. L’écologie dérange en particulier la politique où elle n’a jamais trouvé sa place jusqu’à maintenant.

De la même manière, on découvre avec l’attribution des prix littéraires de cette saison, que la création littéraire scrute le passé plutôt que le présent. Les lâchetés politiques des années 30 ou Mengele sont à l’ordre du jour.

Hulot reste un navigateur solitaire. Tandis que s’ouvre la Cop 23 en Allemagne, la France frileuse de fin 2017 s’émeut plus volontiers sur son passé que sur son avenir.

Et pourtant, à l’évidence, l’Histoire consistant à raconter la difficile cohabitation des nations, des cultures, des races est terminée.
Nous sommes entrés dans l’âge ultime du vivant. Sous quelle forme le vivant va-t-il poursuivre sa trajectoire? Avec ou sans l’espèce humaine? Survivre ou disparaître? L’arsenal nucléaire rend plausibles des hypothèses extrêmes.
Le désordre climatique dont nous sommes les artisans a commencé. Il  remet en question l’habitabilité de notre planète.
C.C.

Les bases arrière de la Grèce

5 novembre 2017,

par Jean-Claude Villain

En 2012 j’écrivais, contre certains désespérés tel Dimitri Dimitriadis, que « Non, la Grèce n’est pas morte » [1]. Y retournant cinq années plus tard, j’étais préoccupé de savoir si mon optimisme critique d’alors qui avait valorisé les capacités de résistance et les valeurs de solidarité du peuple grec, pouvait encore se trouver justifié. J’en étais venu à craindre que « la crise », résultat conjugué de la gestion coupable des finances publiques par les gouvernements successifs, de la prédation des fonds vautours de l’ogre capitaliste et de l’inflexibilité des instances autoritaires du libéralisme européen, n’ait finalement conduit le pays à une durable dépression physique, psychique, économique et sociale, pour tout dire à la ruine. Ma crainte était amplifiée par un facteur nouveau : l’explosion de la pression migratoire (plus contraignante ici qu’en Italie et en Espagne) venue non seulement des Balkans et d’Europe centrale comme depuis le début des années 1990, mais désormais des Proche et Moyen-Orients et de l’Afrique subsaharienne.

Regardée sous l’angle des comptes publics, des considérations budgétaires et monétaires, des taux de chômage et d’endettement, la situation de la Grèce stagne, sinon se dégrade, et le peuple continue de souffrir sans apercevoir la moindre sortie du tunnel. Il n’est qu’à voir à Athènes et dans les villes en général, les rues entières couvertes de graffitis aux commerces clos, les rideaux métalliques baissés et tagués,
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Le vrai problème de la voiture électrique

3 novembre 2017,

Par Didier Barthès

Sous la pression conjuguée du réchauffement climatique et de l’inéluctable déplétion pétrolière, la voiture à moteur thermique est aujourd’hui sur la sellette. Ici et là, on avance publiquement un terme à sa commercialisation et parfois même à son utilisation. De nombreux pays semblent désormais décidés à faciliter le basculement vers la propulsion électrique présentée comme une évidence. Taxation croissante des carburants, mise en place de réseaux de bornes de recharge, véhicules électriques en auto-partage, évocation de mesures coercitives… Tout va en ce sens, au moins
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Ninon peint avec son sang vert

2 novembre 2017,

par Alain Hervé

Peindre pour Ninon Anger, c’est se projeter elle même sur la toile, s’éclabousser dans les couleurs. Elle a passé quelques mois au Domaine du Rayol, sur la Méditerranée, pour s’infuser dans le sang tous ses arbres et plantes du bout du monde: eucalyptus, cheveux d’ange, manucas, araucarias, Barba jovis, Phœnix canariensis, fougères arborescentes, puyas…

Le résultat ce fut“Entre ciels et verts…” joli titre pour cette déclaration d’amour aux plantes et au site maritime, faite de gouaches ou d’huiles.

Nous avions déjà rencontré Ninon il y a quelques années, lorsqu’elle peignait sur les traces de Cézanne dans les carrières ocres de Bibémus.

Ninon rend à la peinture son bonheur d’être . Jeu de l’œil, du cerveau et de la main pour transfuser des couleurs. Nous voilà loin des agacements stériles des pseudo avant-gardes.

Les mystères du glyphosate

30 octobre 2017,

par Charles Ribaut
Premier mystère
Quand le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert a été reçu mercredi dernier par France-Inter, un auditeur est intervenu à peu près en ces termes : je suis médecin en zone rurale, j’ai des patients agriculteurs, assez jeunes, atteints de Parkinson, pourquoi discuter sur les propriétés cancérogènes probables du glyphosate alors que sa neurotoxicité elle, est avérée et devrait suffire pour son interdiction ?
Cette intervention m’a intrigué et j’ai fait quelques excursions sur internet pour me clarifier les idées. D’abord il semble que la maladie de Parkinson, une maladie neurodégénérative effrayante, soit maintenant reconnue comme maladie professionnelle pour les agriculteurs.
(Alphonse Allais suggérait de construire les villes à la campagne parce que l’air y est beaucoup plus sain, cette époque est vraiment révolue. La tendance est maintenant d’installer les cultures dans la ville, c’est un endroit où les abeilles peuvent survivre. Fin de la digression).
Je savais que les insecticides
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Hommage aux palmiers, chronique d’une agonie (suite)

28 octobre 2017,

par Robert Castellana

ART CONTEMPORAIN & MONDIALISATION

En collaboration avec la Galerie Bugada & Gargnel, le Projet Phoenix poursuit ses publications relatives au palmier dans l’art contemporain comme emblème et victime de la mondialisation des paysages, avec une seconde édition de cette rétrospective et la présentation de nouveaux artistes.

Source de l’illustration : Adrien Missika second life (Galerie Bugada & Gargnel)

UNE ESTHETIQUE SOUSTRACTIVE. Les paysages exotisants prennent forme au 19° siècle, dans le cadre de la villégiature touristique azuréenne et de ses jardins d’agrément. Ils
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À la suédoise…

25 octobre 2017,

L’athlétique nordique roux qu’elle avait rencontré au  Loisirs-Center s’appelait Jorg. De sa voix douce, il lui avait raconté les voyages de Nils Olgerson. En agitant ses bras musclés, il lui avait montré comment volent les oies sauvages au dessus de la Suède et même imité leurs cris de ralliement…

En marchant au bord de la plage croate où mijotaient des naturistes allemands, tout en mâchant des smorbroïds à l’anguille fumée,  ils avaient évoqué Anders Zorn*, le peintre faunesque, qui fut un temps, portraitiste mondain, virtuose de l’aquarelle, de l’eau-forte et des reflets de la lumière sur les vagues, et qui, redevenu sauvage, célébra les corps, l’eau, la prodigalité de la nature dans l’innocence de la Création…

* Exposition au Petit Palais du 15 sept au 17 déc 2017

Et le climat bordel !

19 octobre 2017,

par Alain Hervé

Polichinelle au plafond à Venise par Giandomenico Tiepolo

Au vu et à l’écoute de la conférence de presse d’Emmanuel Macron, une seule question se pose. Notre président a-t-il une vision d’ensemble et un projet d’ensemble pour la France et les Français pour les cinq ans à venir ?

Nous n’en savons rien car, après cinq mois d’exercice de la fonction que nous lui avons confiée, il ne nous en a pas fait part.

Or nous pouvions attendre une déclaration régalienne d’un homme qui prétend à une posture  jupitérienne. A ma connaissance , seul Eric Naulleau sur Paris  Première s’est inquiété de ce manque de “transcendance”.

Certes les trois journalistes de service l’ont englué dans des petites questions d’actualité mais il ne les a pas bousculés. Et nous sommes restés dans les considérations habituelles sur l’Économie. Le bon élève nous a abreuvés de statistiques, de taux, de pourcentages…  au point de nous inviter à nous distraire avec le décor de ce salon élyséen. De nous interroger sur la qualité médiocre de la toile d’Alechinsky. Ces deux jambes lourdes d’un marcheur épuisé ont elles un sens caché ? Le grand Alechinsky nous a séduits avec des œuvres d’une autre qualité.

Bref quand Macron va-t-il nous dire ce qu’il compte faire devant la menace climatique, à propos de l’évasion fiscale massive, à propos de l’immigration africaine qui ne fait que commencer, à propos de la transition énergétique…?

J’espère qu’au cours du long tête à tête qu’ils ont eu avec Hulot ils ne se sont pas appesantis sur l’usage familier du mot bordel.

Aventures en permaculture – 28, PERMAÉCONOMIE

19 octobre 2017,

par Ghislain Nicaise

Depuis la mort tragique de Bernard Maris, je n’attendais plus rien de cette profession mais une rencontre avec un perma-économiste m’a fait reprendre espoir. C’est une aventure culturelle et non culturale que je raconte aujourd’hui mais elle n’en est pas moins permacole. J’avais retenu quelque part que des économistes avaient essayé d’évaluer la richesse procurée par la biodiversité mais c’est autre chose que d’en rencontrer un. J’entends des grincheux me rappeler que la biodiversité est inestimable mais la réponse est simple : il faut des chiffres qui en jettent, des montagnes d’euros, pour ébranler sinon convaincre les malcomprenants acharnés de la croissance, qui sont au pouvoir. Cet économiste sympathique et extrêmement utile est professeur, directeur de l’institut INSPIRE, basé à Marseille (1). Il se nomme Emmanuel Delannoy, il est l’auteur de livres clairs (accessibles aux profanes) et bien écrits. J’ai pu lire à la suite de sa conférence “L’économie expliquée aux humains” et “La permaéconomie”, je peux vous recommander les deux. Dans l’économie expliquée
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