A la recherche d’Edward Lear à San Remo

20 mars 2018,

par Alain Hervé

Nous avons il y a quelques années découvert ce personnage insolite qui avait fini sa vie à San Remo sur la Riviera dei fiori. On peut choisir pire endroit pour mourir en 1888. Lear était amoureux des chats, inventeur de limericks, bricoleur de non-sens, ornithologue, portraitiste d’oiseaux, aquarelliste de paysages… Le Museo Civico de San Remo lui avait consacré un hommage très réussi. Depuis le Musée a déménagé et ne possède plus qu’un seul tableau de Lear, une bonne huile représentant le village d’Eze. Son artiste vedette est désormais Antonio Rubino célèbre illustrateur du Corriere dei Piccoli.

Certes nous n’avons pas retrouvé cette improbable rencontre d’un hurluberlu britannique et d’une ville de villégiature très latine mais le petit musée dans ses nouveaux locaux  historiques, a développé un charme certain. En particulier avec ses collections archéologiques de tessons et d’ossements très bien présentés.

Une halte paisible de vacances dans une ville dédiée en particulier au shopping de luxe autour de son célèbre casino municipal.

Carnets de voyage

18 mars 2018,

Georges fut un Voyageur curieux et méthodique. Il questionnait les indigènes des lieux qu’il visitait, les soumettant à de longs interrogatoires minutieux, sur leurs techniques, leurs origines, leurs moeurs et leurs amours…

En retour, il y avait bien souvent des bouches closes, des regards soupçonneux, une exaspération croissante, mais Georges savait se montrer généreux, souvent au dernier moment, et les tensions s’appaisaient.

Il notait les informations recueillies et celles qu’il inventait dans un carnet à couverture de cuir et coins dorés, un élastique le tenant fermé.
Le soir, au bivouac, il les mettait en forme dans un cahier noir in folio, il y joignait ses croquis, des fleurs et des plantes séchées, l’ordinaire des repas, les incidents de la journée et les réflexions philosophiques de son cru.
Dans une boite ad hoc, il rangeait des bouts d’écorces, graines, insectes aptèrygotes et ptèrygotes épinglés et étiquetés.
Il écrivit quelques livres aux titres exotiques ou il mêlait ethnologie et divagations ésotériques, science du jour et anecdotes avantageuses et pittoresques. Il eut une gloire éphémère dans quelques salons et se maria. Il n’eût pas d’enfants, donc pas d’auditeurs à édifier et ennuyer.
Ses récits se fossilisèrent, des pans entiers s’évanouirent, il sombra dans une béatitude séraphique. Sa femme épousa un armateur grec, banalement.

Maja

Un saut dans le printemps

16 mars 2018,

15°C côté place, un ciel bleu céruléen
des nuages amicaux,
un saut dans le printemps…

Sauver Internet

13 mars 2018,

Il y a un an nous avons publié un plaidoyer pour sauver les ordinateurs, aujourd’hui la suite, pour sauver Internet.

Wifi/Guifi/Freifunk : la nécessaire résilience

Par Jean-Noël Montagné

Internet et wifi. Lorsque le wifi est apparu au début des années 2000, permettant de connecter sans fil un ordinateur à internet, de nombreux hackers ont commencé à bricoler matériels et logiciels pour augmenter les portées d’émission-réception. Au départ, on voulait avoir Internet au fond du jardin ou dans la pièce la plus reculée, et puis c’est entre voisins qu’on a voulu partager une connexion. A une certaine époque, la connexion à Internet était un bien si précieux, si désirable en tout lieux, que la seule façon de la propager était de fournir ce service gratuitement et de le partager aussi loin que la portée du matériel le permettait.

En quelques mois, la culture d’un réseau wifi omniprésent, autogéré, gratuit, décentralisé, basé sur les logiciels libres, s’est diffusée dans le monde entier. Toutes les villes du monde ont eu,
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À l’Est du nouveau…

9 mars 2018,

Bon, la grisaille est revenue avec la pluie, mais les gouttes sont printanières…
Cet été, on va se baigner dans le lac Daumesnil, à quelques arbres du Boulevard Tériphérique (Rezvani), dans l’eau filtrée, on évoquera le Temple d’Angkor reconstitué grandeur nature pour l’Exposition Coloniale de 1937, et la gloire de  l’Empire français colorié en rose sur les planisphères d’époque.
Sur leurs quelques m2 de verdure concédés, quelque part loin des promeneurs, dans le bois de Vincennes, les naturistes pourront faire leur plein de vitamine D,  ils observeront les perruches devenues indigènes, mêler leurs cris aux roulements d’amour des pigeons ramiers qui viendront comme chaque année devant nos fenêtres, se goberger des bourgeons sucrés des robiniers, le guano s’incrustera dans les fentes du macadam, tandis que l’incinérateur d’Ivry nous offrira le spectacle grandiose de ses panaches de fumée colorés de composition chimique incertaine…
Mais en attendant, il pleuvote et la brise est fraiche …

Les Français quittent les villes

8 mars 2018,

par Christophe Chelten

photo Corentine Howe

Les vice-présidents du parti les Républicains font état de ces chiffres dans le Figaro du 6 mars 2018.
Depuis 1975, deux millions et demi de personnes ont quitté les zones urbaines pour s’établir  sur de territoires ruraux. Depuis 1999 la croissance démographique est plus forte en zone rurale… 25% de Français vivent  à la campagne… 51% des Français vivent dans une commune de moins de 10000 habitants.

On peut en conclure ce que l’on veut, sinon que l’instinct peut guider des individus intoxiqués par un mode vie frénétique à aller retrouver le rapport fondamental de l’homme avec sa terre, son terroir…

Il est évident qu’en cas de chocs climatiques prévisibles ou de rupture dans les flux tendus de l’économie urbaine, les campagnes offrent des possibilités de résilience, inenvisageables dans les villes. On se souvient du soutien de la France rurale pendant l’occupation allemande.

S’agit il d’un choix plus radical? De changer de rythme de vie, d’offrir des conditions d’éducation et de santé meilleurs pour les enfants?

Une nouvelle civilisation peut elle naître de la non fatalité des villes?

Et là commence…

7 mars 2018,

Un souk, quelque part. Des calligraphies, des images pieuses, et un vélin très fin avec  des figures. G. l’achète sans réelle négociation, sur l’indication impérative du vendeur.

Et là commence l’histoire…
Ce feuillet isolé doit appartenir à un ensemble plus vaste…
G. à son insu, est entré dans la « Fraternité des Enfants de Babel. »

Dans toutes les braderies, brocantes, Emmaüs, vide-greniers, G. est en quête d’autres feuillets…
Il en découvre un dans le tome III de « l’Homme et la Terre » d’Elisée Reclus publié chez Hetzel en 1878, c’est un feuillet plié en deux, servant de marque-page, ouvrant sur une gravure sur bois représentant une coupe géologique.
Une autre fois, voulant acquérir un carnet de croquis ancien, il se trouve en concurrence avec un autre acheteur, pile ou face, c’est l’autre qui l’emporte, non sans avoir remis en dédommagement à G. un petit livre in-octavo à la couverture usée,  avec des gravures au burin à la manière des Mutus Liber des alchimistes, daté de MVICXIV, année de parution de la Fama Fraternitalis chez Wilhem Wessel à Cassel.
Sur la page de garde, il constate que la dédicace d’époque  lui est adressée et signée: Un frère de Babel…

A suivre si l’on veut…

Orlov et les 5 stades de l’effondrement

6 mars 2018,

Dmitry Orlov 2016 Les cinq stades de l’effondrement, Editions Le Retour aux Sources, 21 €, recension par Ghislain Nicaise. Ce livre est écrit avec verve, humour et le texte est limpide, complété par une bibliographie et un index, il apporte des informations et réflexions nouvelles même pour un-e collapsologue endurci-e. J’en recommande la lecture sans hésitation. Les passages ci-dessous en italique sont de l’auteur.

Quelques mots sur l’auteur :
Comme l’évoque son nom, Dmitry Orlov (DO) est né en Russie. Il l’a quittée avec ses parents à l’âge de 12 ans. Il est maintenant citoyen des USA mais de fréquents séjours en Russie entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990 lui ont permis de suivre l’effondrement de l’URSS et de réfléchir sur ce processus. Il est, je crois, le premier à avoir fait le lien entre cet effondrement et le pic pétrolier qu’a connu la Russie peu avant. Il est en tous cas l’un des rares à avoir prédit la crise plus occidentale de 2008, ce qui lui a donné l’accès à une audience plus large, ainsi qu’il le soulignait avec humour dans une conférence TED. Sa prédiction de l’effondrement des USA, pour les mêmes raisons qui ont conduit l’URSS à l’effondrement, a naturellement suscité l’intérêt. Il tirait ses principaux revenus de son état d’ingénieur (en informatique après un passage dans la physique des hautes énergies). Il est maintenant devenu un collapsologue professionnel, invité régulièrement à donner des conférences et écrire des livres sur le sujet.
Les cinq stades de l’effondrement selon Dmitry Orlov sont :
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Nicole Aussedat nous a quittés

6 mars 2018,

Elle était de tous les voyages et de toutes les fêtes organisées par les JNE. Notre amie Nicole Aussedat est décédée hier 5 mars 2018, emportée par une crise cardiaque à l’âge de 63 ans….
Après avoir été l’une des animatrices de la campagne présidentielle de Brice Lalonde en 1981, elle avait longtemps travaillé pour les Amis de la Terre. Toujours souriante et attentive à chacun, elle défendait sans relâche le monde marin. Une passion qui était née lors d’un tour du monde en bateau qui l’avait conduite sur l’île de Saint Barthélémy où elle avait créé une réserve naturelle marine. A son retour en France, elle avait rejoint le conseil d’administration des JNE, mettant sa connaissance de la mer au service des journalistes.

Ces dernières années, elle était chargée de mission au sein de la fondation américaine Pew Charitable Trusts qui avait ses bureaux à la Maison des Océans. L’annonce de sa disparition si soudaine nous a plongé dans une grande tristesse. Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille, et tout particulièrement à son fils Olivier.
JNE (Association des Journalistes-Ecrivains pour la Nature et l’Écologie)
23 rue Henri Barbusse 94 110 Arcueil
Tél. : 07 83 19 08 35 www.JNE-asso.org

Je dois ajouter à titre personnel toute la sympathie et l’admiration que m’inspirait Nicole. Je l’ai suivie sur tout son parcours, aussi bien dans ses navigations, ses engagements militants et sa passion pour la mer. C’était une personne de très grande qualité morale, intellectuelle, esthétique. Elle eut une belle vie. Une mort qui lui ressemble, un paraphe subit.
    Alain Hervé