50 ans du Sauvage: le numéro 3 de l’été 1973

17 septembre 2023,

Nous diffusons aujourd’hui le PDF du numéro 3 du Sauvage, de juin-juillet 1973, titré “Travailleurs de tous les pays, reposez-vous !”. Ce numéro résonne particulièrement bien 50 ans plus tard, à  l’heure de la “bifurcation” qui agite les milieux du travail.

On y trouve, entre autres articles sur la consommation, sur les essais nucléaires français, sur la répression des Indiens aux USA, sur la captation de terre par l’armée ou l’urbanisation sauvage, une généreuse tribune de Konrad Lorenz contre la croissance et la destruction de la nature, ainsi qu’un éloge inconditionnel du vélo par Serge Moscovici, théoricien de l’écologie politique et pionnier de l’écoféminisme.

Le PDF du numéro peut se télécharger ici ( PDF-39 Mo)

François Roddier

30 août 2023,

François Roddier nous a quittés. Le Sauvage avait eu l’occasion de mentionner son nom et l’apport de sa pensée à trois reprises, à propos du transhumanisme, des singularités et de l’évolution. Les fidèles de son blog (il y en avait forcément) savaient depuis quelques mois qu’il n’allait plus assez bien pour continuer à nous faire profiter de ses réflexions. Nous ne savons pas combien de temps ce blog sera encore accessible et le plus simple nous a semblé d’en recopier la dernière page, pour laquelle nous remercions ses proches.

Aux lecteurs de François.

Il nous a quittés en ce mois d’août. Je vous remercie de l’intérêt que vous avez porté à ses travaux, et à travers lequel, en le (re)lisant, vous continuez à le faire vivre. S’il a marqué par sa recherche en astronomie et son lien avec ses étudiants, ses années de retraite ont été enrichies par les lectures et réflexions inscrites sur ce site au fur et à mesure qu’il les élaborait.

Je dépose ci-dessous quelques liens aux présentations disponibles dans lesquelles il a résumé sa pensée post-retraite. D’autres liens, pdf, et autres documents sont présents dans les billets mêmes.

Claude Roddier

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Quelques conférences qui existent sur YouTube:
La thermodynamique de l’évolution : du Big Bang aux sciences humaines (Institut d’Astrophysique de Paris, 5 octobre 2010) 90′
La thermodynamique des transitions économiques (Shift Project, 12 mars 2015), 77′
Thermodynamique et évolution (Observatoire Midi-Pyrénées, 19 septembre 2017), 74′
Thermodynamique et économie (École des Mines Paris Tech, 12 avril 2018), 30′

Ces trois articles disponibles en ligne publiés dans la revue Res-Systemica de l’AFSCET:
« Thermodynamique et économie, Des sciences exactes aux sciences humaines » (2014)
« La thermodynamique des transitions économiques » (2015)
« L’équation de van der Waals appliquée à l’économie » (2017)

Ses chapitres publiés dans ces collections:
Sous la direction de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Aux origines de la catastrophe: Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? (Les liens qui libèrent, 2020)
Sous la directions d’Agnès Sinaï et Mathilde Szuba, Politiques de l’Anthropocène: Penser la décroissance. Économie de l’après-croissance. Gouverner la décroissance (Les Presses de Sciences-Po, 2021)

Ses livres sur la thermodynamique, disponibles aux éditions Parole:
Le pain, le levain, et les gènes (2007)
Thermodynamique de l’évolution: un essai de thermo-bio-sociologie (2012)
De la thermodynamique à l’économie (2018)
The Thermodynamics of Evolution, trans. Steve Ridgway (2020)

et cet article récent en anglais, co-écrit avec Mireille Roddier qui répondait à la question de Didier Pillet, « Alors que l’accès à l’énergie se restreint, l’économie mondiale est-elle à la veille d’un changement systémique ? »:
« Energy flows and the self-organization of societies as dissipative structures » (Annales des Mines, 2023)

ainsi que ce bel article de Matthieu Auzanneau dans Le Monde, lors de la parution de Thermodynamique de l’évolution:
« François Roddier par-delà l’effet de la Reine Rouge” (Le Monde, 30.10.2013)

La gentrification de la montagne

27 août 2023,

Heureux propriétaire depuis 20 ans d’une grange isolée dans les Alpes à 1800m d’altitude,  j’ai constaté ces dernières années que les hameaux et habitats isolés du coin, abandonnés depuis les années 1950 ou 1960, sont récemment achetés par des familles fortunées.

La plupart de ces nouveaux propriétaires semblent tout à fait respecter l’environnement montagnard. Ils restaurent correctement les bâtiments dans les styles montagnards traditionnels, souvent à grands frais, car les travaux en montagne sont très coûteux, aussi bien par les prestations que par les matériaux. C’est un vrai plaisir de revoir des bardeaux de mélèze sur les toits à la place des tôles ondulées, de voir des restanques restaurées en pierre sèche, de nouveaux arbres plantés, des chemins entretenus. Il y a toujours, bien sûr, l’inévitable beauf qui se met à bétonner son bâtiment tri-centenaire pour abriter son affreux SUV dernier cri et son détestable quad, sans parler de ceux qui voudraient construire des piscines, mais cela est encore rare sur les terrains d’altitude.

Un bulldozer n’est jamais loin.


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Jour du dépassement 2023

4 août 2023,

Le jour où nous avons utilisé plus de ressources que la planète ne peut en fournir pour 2023 était cette année le 2 août. C’est un très léger progrès et si l’on veut rester du côté du verre à moitié plein, on peut noter une stabilisation de l’empreinte humaine qui n’est pas due seulement au covid. Il ne faut pas sous-estimer cependant la dégradation de l’habitabilité de la Terre que cela implique.

L’avancée du jour du dépassement depuis 1971

Retour sur le rapport Meadows

28 juin 2023,

J’ai découvert hier un site internet que j’ai trouvé riche et intéressant, il s’intitule Et vous n’avez encore rien vu. Critique de la science et du scientisme ordinaire.
Ce n’est pas jeter le discrédit sur ce site que de relever mes désaccords avec un article d’Arnaud Milanese daté du 18 juin 2023 et intitulé « Le rapport Meadows, 2023 ou les limites des Limites de la croissance ». Arnaud Milanese (AM) est philosophe et Maitre de Conférences à l’école Normale Supérieure de Lyon, il a choisi de dénoncer l’idéologie sous-jacente au rapport Meadows, un peu comme si ce rapport était le manifeste d’un mouvement d’écologie politique. Pour moi l’essentiel de ce rapport réside plutôt dans son aspect réfutable, que l’on peut ainsi qualifier de scientifique. Les auteur-es (la principale étant Dana Meadows, aujourd’hui décédée) ont fait des prédictions basées sur l’utilisation du modèle informatique World3. Ce modèle était cohérent avec les données quantitatives choisies, de 1900 à 1970, données sur les ressources non renouvelables, la nourriture, les services, la production industrielle, la pollution, la population. Le rapport Meadows exposait les prédictions du modèle pour ces différentes données jusqu’à la fin du XXIe siècle. Ce qui a réellement une grande force est la prédiction d’un déclin rapide de la population mondiale à partir de 2030 (Fig. 1).

Fig 1. Réexamen du modèle World3 publié initialement par Meadows et al en 1972. Ce modèle permettait d’intégrer les relations entre population et ressources, nourriture, services, production industrielle et pollution de 1900 à 1970. Ses prédictions jusqu’en 2100 sont en pointillés. La comparaison entre prédiction et réalité a été figurée sur ce graphique par Linda Eckstein- pour la revue en ligne du Smithsonian Institute – à partir des données publiées par G. Turner pour la période 1970-2000 (en traits pleins). Cette mise à l’épreuve du modèle conforte la prévision d’un effondrement prochain du système économique sans même que la crise écosystémique globale soit prise en compte.
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50 ans du Sauvage Mai-Juin 1973, n°2: La grande crise de l’énergie.

13 juin 2023,

Nous diffusons aujourd’hui le PDF du numéro 2 du Sauvage, de mai-juin 1973, titré “La grande crise de l’énergie”. Comme vous pouvez le voir, nous sommes toujours dans une grande crise de l’énergie !

“Dans les quelques années qui viennent, il nous faut accepter la possibilité de pénuries d’énergie sporadiques et une certaine hausse du prix de l’énergie. […] La production intérieure disponible de pétrole n’est désormais plus capable d’en suivre la demande” déclare Richard Nixon, président des Etats-Unis, en avril 1973, au moment où l’équipe du Sauvage préparait le numéro de Mai Juin.


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Les véhicules électriques sans batterie, l’avenir du transport de passagers et de fret.

22 mai 2023,

Tout le monde ou presque connait les trolleybus, ces autobus électriques sur roues qui prennent leur 600 volts sur des lignes aériennes tendues dans les rues ou le long des routes. De nombreuses villes dans le monde ont toujours leur trolleybus depuis plus d’un siècle, comme Lyon par exemple. En Europe,  la plupart des villes ont ouvert des lignes juste après la Seconde Guerre mondiale, et beaucoup les ont abandonnées dans les années 70, souvent pour des raisons esthétiques.

Deux trolleybus dernier cri à grande capacité, en Suisse. Il existe aussi des trolleys à 3 rames.

Du point de vue du rendement, c’est une solution extrêmement performante. Pas de lourde batterie à transporter. C’est juste une caisse sur roues et un moteur. Pas de rails à installer dans des travaux longs et coûteux. Pas de lourdes motrices et wagons à mouvoir comme pour les tramways. Démarrage plus rapide qu’un tramway. Durée de vie deux fois supérieure à celle d’un bus à moteur thermique. Freinage électrique, qui limite la pollution en nano-particules de plaquettes de freins. Possibilité d’être autonome sur quelques kilomètres pour éviter des travaux ou rejoindre d’autres lignes.

De plus, les trolleybus de dernière génération restituent de l’électricité au freinage et à la descente, ce qui les rend particulièrement économiques en énergie. La durée de vie moyenne d’un trolleybus est de 25 ans et pourrait facilement être doublée ou triplée, avec un entretien très réduit comparativement aux bus à pétrole ou aux bus électriques à batteries.  Car les batteries nécessitent un entretien très pointu, aussi bien pour des raisons de sécurité que de durabilité. N’oublions pas aussi le poids géopolitique, social et environnemental de toute la filière de production du lithium, du nickel et surtout du cobalt, sans parler de la filière de recyclage qui n’existe pas encore. De toute façon, il n’y aura pas assez de ces métaux pour convertir la flotte thermique mondiale actuelle, 2 milliards de véhicules, en flotte électrique à batterie.

 


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Macron, le président hypocrite au service des dévastateurs de la planète

14 avril 2023,

Macron, Borne, et leur valet sanglant Darmanin, continuent jour après jour à s’attaquer aux mouvements de justice sociale et environnementale, à ceux qui luttent pour un monde meilleur pour nos enfants, au moment où la crise des ressources et les crises du climat nous obligent à repenser le monde radicalement et sans attendre.

On se souvient de Demeter, la cellule de gendarmerie missionnée pour lutter contre les “actes de nature idéologique” des mouvements environnementaux et de l’agriculture paysanne, on se souvient du livre bleu pour la Guyane, qui a autorisé la déforestation de la forêt amazonienne française, la vente de cette même forêt à des privés, l’ouverture de mines polluantes dans cette même forêt, on se souvient de Sivens sous Hollande et des armes de guerre qui ont tué un botaniste, on se souvient de ces centaines de manifestations réprimées dans le sang, on se souvient de ces mutilés à vie pour les plus justes des causes, on se souvient des condamnations régulières de la France pour son inaction climatique, on se souvient d’un paysan tué par la gendarmerie parce qu’il refusait le harcèlement administratif et sanitaire de ses bêtes, on se souvient des forêts françaises vendues aux intérêts des industriels, on se souvient des nappes phréatiques sacrifiées pour le bénéfice des profiteurs, on se souvient des centaines de Zad, qui veulent sauver des zones humides, des réservoirs de bio-diversité, des sous sols, des forêts, des espaces agricoles uniques. On se souvient des ces bétonnages, de ces autoroutes, de ces hypermarchés sacrifiant des terres agricoles qui sont notre seul espoir de nourriture devant la désertification globale en cours. On se souvient de la surveillance militaire à Bure. On se souvient des militants pacifistes gazés à bout touchant sur un pont de Paris. On se souvient de la qualification de la lutte écologique comme d’un éco-terrorisme. On se souvient de Sainte Soline et de 3200 forces armées pour défendre un trou inutile. On se souvient de tout. La terre et les humains justes gardent les traces de ce sang versé.

On se souviendra de Macron comme un président qui a œuvré pour la destruction du monde, au service des puissants, l’hypocrite puissance mille du “Make the Planet Great Again”, misérable intervention. On se souviendra du crachat à la gueule aux 150 citoyens de la Convention Citoyenne pour le Climat, citoyens pourtant exemplaires de discernement et d’intelligence collective, et dont les 149 propositions sont détricotées méthodiquement depuis lors, simulacre de démocratie. On se souviendra des discours en totale opposition aux actes depuis son accession au pouvoir, la signature du mépris le plus hypocrite contre les défenseurs de l’environnement et des libertés. La signature de la veulerie machiavélique d’une marionnette au service des plus puissants.

Le Sauvage s’associe à Reporterre, Blast, Socialter, Terrestres et tous les collectifs défendant les Soulèvements de la Terre. Voici l’enregistrement de la soirée de soutien du mercredi 12 avril 2023, qui réunissait des dizaines de collectifs et de personnalités pour dénoncer la criminalisation des luttes environnementales et sociales.

Jean-Noël Montagné

 

 

 

La criminalisation de la lutte écologiste, vue du Sénat

29 mars 2023,

Au Sénat, une intervention remarquable du sénateur écologiste Thomas Dossus, le 29 mars 2023.