Qui surveille les algorithmes ?

16 mars 2020,

par Sofia Smyej

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Intelligence Artificielle n’a d’artificielle que le nom. Le comportement de la machine relève bien des choix conscients ou inconscients de ses programmeurs. 

L’IA est devenue le défi industriel de cette décennie. Elle se déploie progressivement et assez discrètement dans de nombreux services à traitement de données, quels qu’ils soient: la détection sécuritaire, l’aide au diagnostic médical, la finance, la mise en place de politiques publiques, la sélection dans les universités, les assistants numériques des GAFAMs, tout ce qui nécessite de détecter des informations particulières, de les analyser, dans le but de générer un fonctionnement automatisé pouvant remplacer l’humain. L’IA peut travailler 24/24 et ne coûte rien en charges sociales.

Extrait du code d’un algorithme de reconnaissance de visages dans une image

Au cœur de ces systèmes, les algorithmes, des fonctions mathématiques et sémantiques destinées à fouiller, identifier les données, trier, classer et, en bout de chaîne, des systèmes de décision, capables éventuellement d’opérer des choix ou d’effectuer des tâches diverses. Les algorithmes permettent de déléguer la prise de décision à une machine.

Ce qui pourrait apparaître totalement neutre, avec des choix objectifs opérés par une machine non pensante, est en fait lié à la nature subjective de l’algorithme, intimement dessinée par son programmeur, sous le cahier des charges du commanditaire. Deux visions qui peuvent influer fortement sur les résultats. En effet, ces algorithmes opèrent sous la forme de successions et d’associations de choix simples. Ces choix sont directement liés aux valeurs politiques, morales ou sociétales du programmeur. C’est ainsi que des décisions automatisées, appliquées aux humains, peuvent montrer des biais en tout genre, par exemple, racistes, misogynes ou classistes. Ces biais ne sont pas forcément issus d’intentions malveillantes des programmeurs mais relèvent aussi de choix inconscients. 


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Vive la récession !?

13 mars 2020,

Par Thierry Caminel

Nous y sommes. Coronavirus renforce ce que de plus en plus d’économistes pensent: le monde risque d’entrer en récession en 2020, c’est à dire que le PIB –produit intérieur brut, l’indicateur clef de l’économie – va baisser. Déjà les raisons ne manquaient pas : protectionnisme, Brexit, endettement privé et public, bulles spéculatives prêtes à exploser, augmentation des taux d’intérêt, tensions géopolitiques et géologiques sur l’approvisionnement énergétique, faiblesse structurelle des banques centrales et privées, … . Coronavirus nous rappelle en plus combien notre monde est sensible à la moindre perturbation qui affecte le déplacement des personnes et des biens.

Pour tous, c’est une très mauvaise nouvelle, un risque majeur qu’il faut absolument éviter, car récession a toujours été synonyme de montée du chômage, recul des services publics, augmentation de la précarité, pour ne citer que ces conséquences. Personne n’a envie de revivre les situations de 1929 dans le monde industriel, de 1998 en Argentine, ou de 2008 en Grèce.

D’autant plus que cette récession pourrait être sévère. La croissance mondiale moyenne diminue structurellement en effet d’année après année, tandis que le système financier n’a pas encore récupéré de la crise de 2008. Le prix du pétrole – cause des récessions de 1973, 1979 et 2008 – n’a jamais été aussi volatil, en partie du fait de la faiblesse de la production mondiale, en hausse seulement dans quelques pays – mais pour combien de temps ?

Mais cette récession pourrait être une bonne nouvelle pour la Planète, et en particulier pour le climat.
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Découvert

5 mars 2020,

Nous sommes le 5 mars 2020. A partir de ce jour, la France est à découvert climatique. 

C’est ce que révèle aujourd’hui l’Affaire du Siècle, au regard des émissions de gaz à effet de serres générées par la France depuis le début de l’année. Une date qui nous dit une chose : l’écart à combler est de 305 jours – nombre qui nous sépare du 31 décembre – pour atteindre l’objectif de neutralité de la France sur le climat.

En effet, l’Etat français s’est fixé un objectif, inscrit dans la loi énergie-climat de 2019 : celui de la neutralité carbone en 2050. Concrètement, cela signifie que l’Etat s’est engagé à n’émettre que 80 mégatonnes de CO2 par an à partir de 2050. L’Affaire du Siècle s’est donc penchée sur la question : quel chemin lui reste-t-il à parcourir pour y arriver ?

Le constat est clair : ce 5 mars 2020, soit en 2 mois et 5 jours, la France a déjà émis 80 mégatonnes de CO2. A partir d’aujourd’hui, nous avons dépassé la limite que nous nous sommes donnée.

Tout savoir sur le Jour du dérèglement 

Alors oui, il reste 30 ans. Un peu moins d’une génération pour que l’Etat comble ce fossé et respecte ses engagements et la planète. C’est beaucoup, et “en même temps”, c’est bien peu. Car, pour y parvenir, c’est une transformation sans précédent de tous les systèmes qui devra être menée : énergie, alimentation, transports, logement, industrie, gestion des terres.

Aujourd’hui, l’Affaire du Siècle met un chiffre sur ce défi. Celui d’une date et d’un fossé à combler.
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Avocats

3 mars 2020,

L'avocatier Hass de mon jardinVous pouvez vous rendre sur le site de sauvons la forêt pour signer la pétition ci-dessous (ou d’autres pétitions tout aussi dignes d’être signées d’ailleurs).  Vous pouvez aussi faire un geste en réduisant votre consommation d’avocats. Il me faut faire un effort pour écrire cela car pendant plus de vingt ans j’ai profité des avocats de mon jardin à Nice (j’ai déménagé récemment). Avec deux arbres, un cultivar Hass (cliché ci-contre) et un cultivar Bacon, il est arrivé les bonnes années que nous mangions de l’avocat tous les jours toute l’année. Il ne faut pas attendre que le fruit soit mûr pour le cueillir, on le fait mûrir, avec l’éthylène dégagé par une pomme bio bien mûre, ce qui permet d’étaler sa consommation sur plusieurs mois. La France devrait planter des avocatiers partout sur la Côte d’Azur et en Corse. C’est un bel arbre à croissance rapide qui ne défigurerait pas les jardins publics. L’avocat est un aliment doté de grandes qualités diététiques et gustatives. Je ne vais pas vous recopier la rubrique de Wikipedia qui me semble fort bien faite. Contrairement à ce que des permaculteurs bien intentionnés ont pu vous dire, il ne faut pas se contenter d’un semis (on trouve aussi cette information erronée sur internet). Les noyaux d’avocat germent très facilement mais l’arbre qui en résultera, dans la plupart des cas, portera très peu de fruits, il vous faudra le greffer.
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Jean-Marc Jancovici, le thermodynamique pragmatique

18 février 2020,

Jean-Marc Jancovici , dessiné par Manon Riera, extrait.

Jean-Marc Jancovici* est un personnage incontournable pour la compréhension des enjeux actuels et à venir liés aux ressources et au climat. Entouré par de nombreux analystes qui dissèquent et étudient les flux d’énergie et de matière, naturels comme anthropiques, il développe une vision thermodynamique et pragmatique de la société. Ces cours et ses conférences, librement disponibles sur Internet depuis des années, vulgarisent parfaitement de nombreux mécanismes d’interdépendance entre énergie, industrie, économie et climat. Son discours est particulièrement important pour rappeler aux décideurs et au grand public qu’il existe des principes physiques incontournables qui régissent directement nos activités.

Au premier rang, le constat simple et pourtant évacué du champ décisionnel, est que la terre est composée de ressources naturelles, énergétiques et minières en quantités faibles et finies. En à peine deux siècles de consommation irraisonnée, nous arrivons à l’épuisement définitif de certaines ressources et à une décroissance inévitable des activités liées. Cette conscience de la décroissance inévitable est indispensable.
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Claire Bretécher

11 février 2020,

Nous rendons hommage à Claire Bretécher (1940-2020) en republiant une de ses premières planches pour Le Sauvage, dans le numéro 3, de Juin-juillet 1973. Claire a participé à l’aventure du Sauvage dès ses premiers numéros. Elle y invente un personnage, le Bolot Occidental, sorte de chien qui ne pense qu’à se reproduire, dans une époque où l’on modélise déjà que la surpopulation accélère l’impact d’un modèle consumériste destructeur.

 

PIVisme

7 février 2020,

Sur le site de Terrestres, un article de Nelo Magalhães intitulé « Combien pour sauver la Planète ? La fuite en avant des investissements verts »

Comment en vient-t-on à penser que la catastrophe écologique nécessite prioritairement des gigantesques investissements verts ? Cet article déconstruit méthodiquement cette façon de concevoir et de répondre aux enjeux écologiques. Il montre en quoi le paradigme des investissements verts, qui tend à devenir hégémonique, prolonge une vision économiciste du monde.

Comment sauver la Planète ? Aux petits gestes individuels « éco-citoyens » s’ajoutent désormais les grandes résolutions : finance verte, marché carbone, taxes vertes, banque centrale verte, green bonds, GreenNew Deal, etc. Depuis au moins 25 ans, grandes institutions internationales, ONG, milliardaires, think tanks influents, etc., tous cherchent à réorienter les flux de capitaux vers le « secteur vert » pour qu’enfin advienne une économie « verte ». Pour cette communauté hétéroclite, le « changement de trajectoire » passe nécessairement et prioritairement par des « investissements verts ». Loin d’être inédite, la question « du financement » est largement débattue depuis le début des années 1990 et l’avènement du « développement durable » (puis de la « croissance verte ») comme concept clé des grandes messes internationales sur le thème de l’écologie : finance verte lors du One Planet Summit à Paris (2017), Fonds Vert pour le Climat à Copenhague (2009), marché du carbone à Kyoto (1997), écotaxe européenne (abandonnée) à Rio (1992), etc.

Combien ? Les chiffres varient de façon spectaculaire selon les trajectoires visées, les secteurs à verdir, les institutions et les périodes prises en compte. Il fallait trouver 100 Mds $ / an d’ici 2020 à Copenhague (2009), là où la Cour des Comptes Européenne préconise 1115 Mds € / an entre 2021 et 2030. Pour la France, la « stratégie bas-carbone », appuyée par la Programmation pluriannuelle de l’énergie de 2016, estime à 60 Mds € /an les investissements « nécessaires à la transition », en cela proche de l’Institute 4 Climate Economics. Le Green New Deal européen ? 1300 Mds € pour l’économiste Alain Grandjean, alors que la Commission Européenne propose 180 Mds € /an d’ici 2030. Le New Climate Economy monte à 270 Mds $ par an pour la période 2015–2030, là où Bloomberg New Energy Finance se contente de 200 Mds $ / an entre 2016 et 2040. Trop peu : l’agence internationale de l’énergie évalue à 900 Mds $ / an entre 2010 et 2020 ; pour la même période, l’Organisation des Nations Unies propose de « verdir l’économie mondiale » pour une fourchette qui va de 1050 à 2590 Mds $. Les trillions – plutôt que les billions – pour le « bas-carbone », voilà le titre d’un rapport du CIRED (Sirkis, 2015). Qui dit mieux ?

La suite (pour comprendre ce titre de PIVisme) ici.

La jungle des labels

27 janvier 2020,

Nous avons vu un petit mémo bien fait pour aider le citoyen-consommateur à savoir quels produits alimentaires sont bons pour l’environnement. En voici un extrait, sachant que ce guide de 2 pages indique également quelques faux-amis à éviter…. Le Sauvage

5G

25 janvier 2020,

En juin dernier nous vous avons exposé pourquoi la 5G était une erreur redoutable, ce qui était illustré par un appel international. Aujourd’hui nous vous donnons l’occasion de protester contre la facilité avec laquelle notre gouvernement en a autorisé le lancement sur le territoire national. Le Sauvage

Lu sur le site d’Agir pour l’Environnement :

Mélangeant vitesse et précipitation, le gouvernement a publié, le 30 décembre 2019 (!) un arrêté fixant les conditions de mise aux enchères des fréquences de la 5G en France. Et ce, sans débat public ni évaluation environnementale et sanitaire !

Pourtant, la 5G pourrait :

  • Tripler le nombre d’antennes relais ;
  • augmenter d’un facteur 8 le nombre de points où l’exposition des riverains serait très forte ;
  • accroître la consommation électrique du pays de 2% !
  • conduire à un renouvellement de tous les portables actuellement vendus, incompatibles avec la 5G, entrainant un immense gâchis de métaux rares !