Archive pour la catégorie ‘Some Like It Hot’

Climat prochain en France, plus grave que prévu…

19 octobre 2022,
Une publication sur les modélisations du climat futur en France vient de sortir ces derniers jours, avec des résultats extrêmement préoccupants. L’étude présente d’abord un affinage du réchauffement climatique terrestre en France depuis la moyenne des températures 1900-1930, qui est de 1,66°, puis présente des modélisations pour les 80 prochaines années.

La méthode

L’équipe composée de chercheurs de Météo France et du CNRS, Université de Toulouse, a utilisé une méthodologie d’analyse qui permet de préciser les projections climatiques sur la France. Le principe est de comparer les résultats des modèles avec les mesures disponibles depuis 1900, afin d’affiner la modélisation du climat futur. Ce que l’on appelle “contrainte observationnelle“. Cette méthode permet de réduire les incertitudes, et permettra également à terme d’obtenir de meilleures prévisions à l’échelle régionale. 
En prenant des mesures de températures moyennes fiables et représentatives du sol hexagonal depuis le début du XXème siècle, et appliquant cette méthodologie, l’étude révise à la hausse les prévisions climatiques pour les années à venir.

Extraits

Voici un extrait du résumé de l’étude publiée ce mois ci dans la revue Earth System Dynamics.  
Sur la France métropolitaine, le réchauffement forcé en 2020 par rapport à 1900-1930 est évalué à 1,66° [1,41 à 1,90] ◦C, c’est-à-dire dans la fourchette supérieure des estimations du CMIP6 [ NDLR: modélisations du dernier rapport du GIEC], et est presque entièrement d’origine humaine. 
Une vue affinée de la saisonnalité de ce réchauffement passé est fournie par les normales climatiques quotidiennes mises à jour. 
Le réchauffement prévu en réponse à un scénario d’émission intermédiaire est évalué à 3,8 ◦C (2,9 à 4,8 ◦C) en 2100 et s’élève à 6,7° [5,2 à 8,2] ◦C dans un scénario d’émissions très élevées, c’est-à-dire sensiblement plus élevé que dans les ensembles précédents de simulations mondiales et régionales. 
Précisons que l’évolution des émissions mondiales de gaz a effet de serre au cours de la dernière décennie est plus proche d’un scénario intermédiaire : la consommation d’énergies fossiles, et avec elle nos émissions de gaz à effet de serre, augmente à un rythme relativement faible.

Le grand bras de la Loire à Loireauxence, 16 août 2022.

Le réchauffement amplifié en été

Entre 1947 et 2020, l’analyse révèle que le réchauffement observé n’est pas uniforme au cours de l’année. L’hiver et l’automne sont soumis à un réchauffement moindre, généralement autour de 1,4°C, avec un réchauffement minimum constaté à la fin de l’hiver.
En revanche, l’été a connu un réchauffement renforcé, d’environ 1,8°C, qui culmine autour du 1er juillet à environ 1,9°C. Cette valeur maximale au début de l’été est environ 30 % plus élevée par rapport à la moyenne annuelle, ce qui suggère que l’amplification du réchauffement estival, également observée par les modèles, est très importante.
L’étude montre également l’importance des aérosols dans les variations climatiques, les poussières industrielles ou naturelles (volcanisme) ayant un rôle significatif dans les variations de l’effet de serre.
Enfin, l’étude met en lumière une possible augmentation de la pluviométrie hivernale dans les années à venir, ainsi qu’une sècheresse estivale encore plus importante.
 
 L’étude est disponible ici

Bouleversement climatique: un débat de Barrau et Gemenne avec Béchu et le MEDEF

6 septembre 2022,

Il y a quelques jours, Aurélien Barrau, astrophysicien, directeur du Centre de physique théorique Grenoble-Alpes, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia, François Gemenne, membre du GIEC, directeur de The Hugo Observator et Thierry Martel, directeur général de Groupama débattaient devant un parterre de patrons pour la grand-messe annuelle du MEDEF.

On peut y voir le fossé entre ceux qui ont compris que le changement de paradigme est inévitable, choisi ou forcé, et ceux qui croient encore que le système n’a pas besoin d’être réformé. La tête que font certains patrons est impayable. Gemenne y est excellent, et Barrau très pointu comme à son habitude.

[ On peut aisément voir cette vidéo en vitesse 1.5 (petite roue dentée en bas à droite)]

L’électricité et le changement climatique

3 septembre 2022,

Regardons avec l’actualité comment le bouleversement climatique impacte la production, la distribution et la consommation d’électricité.

Rationnement d’électricité, en raison de la sécheresse sur le Yangtsé, à Chongqing, ville chinoise de 33 millions d’habitants, août 2022

La production est impactée par le réchauffement global

Quels sont les modes de production d’électricité les plus résilients ?

La production hydro-électrique est impactée par le manque de pluie qui limite le remplissage des barrages: depuis cet été, la Norvège, qui exportait son électricité hydro-électrique vers l’Europe depuis des décennies, doit limiter ses exportations en raison de la sécheresse.  Sur tous les continents, des centrales hydro-électriques sont arrêtées ou à faible puissance. [ ici en Chine , 25 août 2022]

La production hydro-électrique est perturbée par le réchauffement en altitude, qui limite l’enneigement des montagnes en hiver, donc le stockage en glaciers, et donc la distribution lente d’eau aux périodes plus chaudes. Les modèles climatiques prévoient la quasi disparition des glaciers d’ici la fin du siècle. En anticipation des sécheresses, il est probable que la gestion annuelle des eaux de barrage privilégie les stockages pour l’alimentation des populations, et pour l’agriculture, mais relègue au second plan l’utilisation pour l’électricité. En Europe, les Alpes sont de plus en plus soumises à cet aléa. C’est par exemple le cas en 2022 sur le bassin qui alimente la région marseillaise, avec une réduction de 60% de la production électrique.

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Earth Overshoot Day 2022

28 juillet 2022,

Depuis 2014, le Sauvage vous signale chaque année la date du jour du dépassement des ressources de la planète (http://www.lesauvage.org/2014/08/overshoot/). C’est l’Earth Overshoot Day calculé par le Global Footprint Network, cette institution d’origine universitaire à l’origine de la notion d’empreinte écologique. Cette année le jour du dépassement est le 28 juillet, nous n’aurions perdu qu’un jour depuis l’an dernier…

Quand la réalité dépasse les prévisions du GIEC

17 juin 2022,

En 2014, Evelyne Dhéliat présentait la météo du 18 août 2050 à partir des calculs de Météo France. Pour 2022, nous ne savons pas encore ce que seront les températures du 18 août mais celles du 17 juin semblent dépasser les prévisions les plus pessimistes.

Le méthane en folie

21 avril 2022,

C’est au milieu de l’océan Pacifique, loin des pollutions industrielles et urbaines, à 3400 m d’altitude sur le flanc du volcan Mauna Loa à Hawaï, que le NOAA effectue des mesures des gaz à effet de serre sur l’hémisphère Nord.

Quatre Gaz à Effet de Serre (GES) très influents sur le climat y sont surveillés jour après jour:

 

le dioxyde de carbone (CO2)

l’hexafluorure de soufre (SF6)

 

le dioxyde d’azote (N2O)

et le méthane (CH4).

 

Source : https://gml.noaa.gov/ccgg/trends_ch4/

 

On ne peut que constater avec impuissance que la concentration de ces GES non seulement augmente mais accélère. Ces graphiques sont les indicateurs les plus fiables de notre réussite ou de notre échec politique global sur le réchauffement. Echec total à l’échelle globale.

Penchons-nous un instant sur l’augmentation de la libération de méthane.

Bien que le méthane ne participe que pour 15% de l’effet de serre, contre 60% pour le CO2, l’accentuation de cette courbe depuis 2007, et surtout depuis 2019, n’est pas rassurante.  Le méthane est un gaz qui est beaucoup plus “à effet de serre” que le CO2. Une partie est issue des activités de la biomasse en relation avec le climat, mais les émissions de méthane sont majoritairement dues aux activités humaines, notamment agricoles, aux déchets, puis à l’industrie des combustibles carbonés; notamment à la fracturation hydraulique des roches pour le gaz et le pétrole de schiste, qui libère du méthane sans aucune possibilité de contrôle. Il est singulier de voir qu’après une stabilisation au début des années 2000, une accélération survient dans la même période où la fracturation devient massive aux USA (1).

On s’inquiète aujourd’hui de l’influence de la température, notamment en arctique, sur la libération de méthane enfoui, terrestre(2) ou océanique(3). Les stupéfiants records de température récents en zones polaires, parfois de plusieurs dizaines de degrés supérieurs aux moyennes saisonnières, sont particulièrement préoccupants.

C’est un cercle vicieux. Plus il fait chaud, plus le méthane terrestre et marin est libéré, entrainant une augmentation de l’effet de serre, et donc du réchauffement. C’est une rétroaction climatique, c’est-à-dire, en langage pour le grand public, un effet d’emballement. Dans l’histoire du climat, des études paléoclimatiques basées sur des analyses sédimentaires ont montré l’existence d’emballements thermiques rapides dus à la libération du méthane enfoui. Est-on au début d’un tel phénomène ? l’évolution du méthane sur ces trois dernières années n’est pas rassurante.

 

1. Howarth, 2019

2. https://www.youtube.com/watch?v=4HxB01a2Vtc 

3. https://siberiantimes.com/other/others/news/first-pictures-and-video-of-the-largest-methane-fountain-so-far-discovered-in-the-arctic-ocean/

GIEC : les solutions

5 avril 2022,

Le GIEC (IPCC en anglais) vient de sortir le rapport du groupe III qui essaye de proposer aux décideurs les mesures nécessaire pour limiter les dégâts du changement climatique. Pour vous tenir au courant :

-un article de ReporterreC’est maintenant ou jamais

– un article au titre optimiste de The ConversationRapport du GIEC : diviser les émissions de gaz à effet de serre par deux d’ici à 2030, c’est possible

– moins facile, l’abrégé du GIEC pour la prise de décision politique (synthesis report for policymakers), “Mitigation of climate changes“, résumé de quand même 37 pages (10 Mb)

– plus technique, le rapport abrégé, 96 p (20 Mb)

– complètement pro, le rapport détaillé, 3675 p (280 Mb)

La crise climatique, la crise des ressources et la démocratie, 2/2

7 janvier 2022,

Le citoyen au coeur de la résilience.

Résumé de l’épisode précédent:

Bien que tous les voyants climatiques soient au rouge, que les ressources s’épuisent, que les crises s’amplifient, tout se passe comme si nous essayions d’occulter, consciemment ou inconsciemment, que le monde s’enfonce peu à peu dans un état d’urgence permanent, dans lequel on sait que la démocratie sera bafouée.
Mais tout n’est pas perdu. Si l’on n’a pas toujours réussi à influer par le haut sur les nations ou le monde, il reste réaliste d’agir à l’échelle locale ou à l’échelle de territoires partageant des communs. De l’éco-hameau jusqu’aux bio-régions, en passant par le jardin partagé ou la salle associative, nous voyons que des groupes motivés arrivent à construire des enclaves écologiques et citoyennes, sur des principes de démocratie directe, capables de mieux résister à l’effondrement en cours. L’utopie voulant que ces enclaves s’interconnectent un jour afin de proposer des visions macro-territoriales.

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La crise climatique, la crise des ressources et la démocratie 1/2

14 octobre 2021,
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A entendre les spécialistes du climat, les 30 prochaines années sont déjà écrites: les perturbations climatiques continueront à augmenter, en fréquence et en intensité, en raison du CO2 déjà émis que la nature n’arrive pas à résorber. Des effets d’emballement sont de plus en plus certains, bien que très difficiles à cerner, et nous emmènent vers des horizons redoutables. 
Dans la même période, nous aurons à gérer la raréfaction de certaines ressources énergétiques, biologiques ou minières, indispensables au monde actuel. Il n’est pas difficile d’imaginer que cette conjonction va créer des crises profondes et complexes, avec des effets croisés pouvant nous plonger dans un état d’urgence permanent. Quelle sera la place de la démocratie dans ce début d’effondrement ?

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