Archive pour la catégorie ‘Nous avons vu’

Sympathique et enfantin Hockney

25 septembre 2017,

par Alain Hervé

Je l’ai déjà observé, les expressions artistiques d’une époque sont le miroir de cette époque. Hockney tel qu’exposé à Beaubourg,  y participe à sa manière. Il peint une vision privilégiée du monde dans le-quel il vit. Aucun drame en vue . Une fascination récurrente pour les postérieurs blancs d’adolescents dans des piscines parfaitement chlorées. Ce qui donne ces moments de grâce que l’on retrouve animés dans son film : A bigger splash.

Pourquoi pas? Cette peinture gaie, colorée, ensoleillée raconte un monde enfantin peuplé de jeunes garçons et de vieux mécènes joliment portraiturés. La nature tropicalisante vue du balcon rappelle les jungles du douanier Rousseau en moins onirique.

Mais on ne va pas reprocher à Hockney de ne pas se joindre au choeur des pleureuses et des coupables qui tartinent les toiles et les écrans de leurs sanglots et de leurs névroses. Il est le peintre d’une joie de vivre et de jouir. C’est reposant même si c’est irresponsable aux yeux de certains. Ses animations lentes d’un chemin de forêt  vu par neuf caméras aux quatre saisons méritent une médaille en chocolat.

Boris Vian à la Huchette

17 mars 2017,

14890500214221_photo_hd_32809par Michèle Valmont

“L’écume des jours” à La Huchette…ou comment adapter brillamment au théâtre un roman qui n’avait à priori pas besoin de cela. Paul Emond a conçu un spectacle respectueux de l’esprit de Boris Vian, de son langage si particulier, de sa poésie décalée parfois cynique, en y ajoutant des interventions musicales en hommage au trompettiste passionné de jazz qu’était l’écrivain.

Les trois comédiens s’emparent des divers personnages, y compris les animaux, avec un enthousiasme communicatif, mais incarnent avant tout Chloé et Colin, les jeunes amoureux, et Chick, leur (suite…)

Vermeer rébus

23 février 2017,

par Alain Hervé14861374456833_photo_hd_32421

Venons en à Vermeer, l’auteur de onze enfants. On avait du temps à perdre en ce temps là.

Dans les temps entrecopulatoires, il a peint une trentaine de petits tableaux. Très peu et qui nous enchantent. Le Louvre en livre une quinzaine à notre soif. Voilà que se trouvent soudain accessibles des instants bouddhiques. Des mini nirvanas. Ils sont remarquables par leur homogénéité. Une appréciation appliquée à l’un d’entre eux vaut aussi bien pour les autres

Ne cherchez pas dans l’avalanche des qualificatifs qui tous peuvent convenir. Ces petits tableaux sont rares, silencieux, apaisés, intenses, lumineux, définitifs, distants, familiers, domestiques, innocents, graves, maniaques… (suite…)

Piège mortel : Théâtre La Bruyère

28 janvier 2017,

Par Michèle Valmont14806001191679_photo_hd_31263

En montant « Piège mortel » d’Ira Levin, pièce qui a déjà connu un immense succès à Broadway il y a une quarantaine d’années, le théâtre La Bruyère propose une soirée haletante.

Dans une mise en scène virevoltante d’Eric Métayer, au sein d’un superbe décor d’Olivier Hébert, l’action, émaillée de multiples rebondissements, enchante le public tout en le déroutant.

Sidney Brown, un auteur dramatique en panne d’inspiration, reçoit un manuscrit remarquable d’un jeune écrivain, Clifford, qu’il rêve de s’approprier pour relancer sa carrière . Sous les yeux horrifiés de sa femme, Myra, il (suite…)

Le funeste destin des génies précoces: Bernard Buffet

8 décembre 2016,

par Marjorie Jouenexpo-peinture-bernard-buffet-retrospective-musee-art-moderne-paris

Pas facile de trouver des compagnons pour voir la rétrospective consacrée à Bernard Buffet au Musée d’art moderne de Paris : les barbouillages des années 90, la surexploitation commerciale et quasi-industrielle des œuvres par le peintre lui-même expliquent grandement la réaction de rejet parmi mes amis âgés de plus de 50 ans. Pour les autres, Buffet évoque peut-être un portrait de clown reproduit à des millions d’exemplaires, mais qui n’est (suite…)

America has just elected a fascist

24 novembre 2016,

aodhan-redSur youtube, un parlementaire irlandais réagit à l’élection de Donald Trump

youtube.com/watch?v=z27-pO9S2qo&feature=youtu.be

Avant le déluge

1 novembre 2016,

bosch-le-jardin-des-delicesUn film produit par Leonardo di Caprio, sous-titré en français, en libre accès sur Internet. On savait déjà qu’il y a des climato-sceptiques, qu’il ne faut plus manger de boeuf ni d’huile de palme, mais on ne le dira jamais assez. A noter un plaidoyer pour que la taxe carbone remplace progressivement les autres impôts. Le film se termine de manière réaliste mais optimiste sur les mesures à prendre d’urgence. Le Sauvage.

Le personnage désincarné, La Huchette

8 octobre 2016,

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par Michèle Valmont

Avec sa nouvelle pièce, « L’homme désincarné », Arnaud Denis surprend et séduit le public du Théâtre de la Huchette.

Le sujet en est riche : pendant une répétition, un comédien s’arrête de jouer. Il refuse d’interpréter le texte de son auteur, qu’il trouve insignifiant. L’auteur intervient pour le persuader que son œuvre est bonne et qu’il n’a de toute façon pas le choix puisqu’il a été créé pour la jouer. Il ne peut donc échapper ni à son créateur ni à son destin théâtral qui le condamne à la répétition, soir après soir, d’un texte qui le mène à son suicide fictif. L’emprise du créateur sur son personnage semble inexorable jusqu’à l’intervention d’un technicien qui suggère au comédien d’inverser la tendance…et là, tout bascule.

Toute la problématique du théâtre est là. Si la personnalité de l’acteur s’efface (suite…)

Survivre à Frantz

27 septembre 2016,

Frantz, Affiche

Frantz, Affiche

par Frédérique Lorenzi
Le film démarre comme une plongée dans l’univers cinématographique de Fritz Lang : un cimetière désert, des pavés luisants de pluie résonnant sous les pas, des intérieurs austères et des passages voûtés où la rumeur ranime les braises encore fumantes de la haine patriotique.
Le rythme est donné par l’usage de nombreux plans fixes, rendant l’atmosphère pesante autour de personnages dont l’équilibre mental et affectif, au lendemain de quatre années de massacre guerrier, oscille entre amour et haine, sincérité et mensonge, humanité et souffrance, raison et folie, rédemption et damnation. Le spectateur, pris en otage, est balloté entre ces extrêmes.
Le noir et le blanc ne cèdent la place à la couleur que furtivement, à l’évocation des jours heureux, rêvés ou vécus, alors qu’on aurait voulu qu’elle s’installe plus longtemps.
Comme dans une valse à trois temps, François Ozon nous fait tourner la tête. Le spectateur a face à lui Adrien, tour à tour un héros désespéré par la perte d’un ami, puis un ancien soldat traumatisé tenté par le (suite…)