C’est au milieu de l’océan Pacifique, loin des pollutions industrielles et urbaines, à 3400 m d’altitude sur le flanc du volcan Mauna Loa à Hawaï, que le NOAA effectue des mesures des gaz à effet de serre sur l’hémisphère Nord.
Quatre Gaz à Effet de Serre (GES) très influents sur le climat y sont surveillés jour après jour:
le dioxyde de carbone (CO2)
l’hexafluorure de soufre (SF6)
le dioxyde d’azote (N2O)
et le méthane (CH4).
Source : https://gml.noaa.gov/ccgg/trends_ch4/
On ne peut que constater avec impuissance que la concentration de ces GES non seulement augmente mais accélère. Ces graphiques sont les indicateurs les plus fiables de notre réussite ou de notre échec politique global sur le réchauffement. Echec total à l’échelle globale.
Penchons-nous un instant sur l’augmentation de la libération de méthane.
Bien que le méthane ne participe que pour 15% de l’effet de serre, contre 60% pour le CO2, l’accentuation de cette courbe depuis 2007, et surtout depuis 2019, n’est pas rassurante. Le méthane est un gaz qui est beaucoup plus “à effet de serre” que le CO2. Une partie est issue des activités de la biomasse en relation avec le climat, mais les émissions de méthane sont majoritairement dues aux activités humaines, notamment agricoles, aux déchets, puis à l’industrie des combustibles carbonés; notamment à la fracturation hydraulique des roches pour le gaz et le pétrole de schiste, qui libère du méthane sans aucune possibilité de contrôle. Il est singulier de voir qu’après une stabilisation au début des années 2000, une accélération survient dans la même période où la fracturation devient massive aux USA (1).
On s’inquiète aujourd’hui de l’influence de la température, notamment en arctique, sur la libération de méthane enfoui, terrestre(2) ou océanique(3). Les stupéfiants records de température récents en zones polaires, parfois de plusieurs dizaines de degrés supérieurs aux moyennes saisonnières, sont particulièrement préoccupants.
C’est un cercle vicieux. Plus il fait chaud, plus le méthane terrestre et marin est libéré, entrainant une augmentation de l’effet de serre, et donc du réchauffement. C’est une rétroaction climatique, c’est-à-dire, en langage pour le grand public, un effet d’emballement. Dans l’histoire du climat, des études paléoclimatiques basées sur des analyses sédimentaires ont montré l’existence d’emballements thermiques rapides dus à la libération du méthane enfoui. Est-on au début d’un tel phénomène ? l’évolution du méthane sur ces trois dernières années n’est pas rassurante.
1. Howarth, 2019
2. https://www.youtube.com/watch?v=4HxB01a2Vtc
3. https://siberiantimes.com/other/others/news/first-pictures-and-video-of-the-largest-methane-fountain-so-far-discovered-in-the-arctic-ocean/