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Les temps étant venus…

20 décembre 2014,

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Les temps étant venus, d’étranges évènements survinrent…

Dans ce Chaos climatique, les espèces jusqu’alors stables se mélangèrent en de monstrueux accouplements, des gésines incestueuses naquirent des chimères terrifiantes. Les oiseaux recouvrèrent leurs dents perdues il y a 116 millions d’années*. Les ruminants se gavèrent de poissons morts. Le sixième Cavalier de l’Apocalypse fut jeté à bas par sa monture et piétiné rageusement et de sa trompette surgirent virus et bactéries oubliés qui se répandirent avec une virulence accrue …

Au Congrès des « Transhumanistes du 7e jour » qui se tenait dans un hôtel d’une vallée de la Suisse extrème-orientale, un androïde nasillarda que «La Fin de l’Homme annonçait une Renaissance» puis se tut, faute d’énergie.
Les congressistes ne purent finir leur raclette qui resta figée pour l’éternité.

* in Le Monde du 11/12/14

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A la claire fontaine

16 novembre 2014,

 

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Georges n’aurait su dire quelle singulière et irrésistible pulsion l’avait amené là.
Le vieux parc avait été mis en coupe et saccagé, on y construisait des lotissements prétentieux. Des excavatrices, de monstrueuses tractopelles, des défonceuses étaient à l’oeuvre là même où  le Labyrinthe de buis multicentenaire gardait les secrets. Les belles fabriques baroques, la Tente turque et le Mithraeum avaient été démembrés et vendus à des brocanteurs louches.
Le Voyageur l’attendait, le Voyageur était toujours là aux carrefours de sa vie.
Il avait pris cette fois l’aspect d’un instituteur töpfferien, mais on reconnaissait la gouaille ironique et sarcastique du Cynique.
Quand ils sortirent du parc, le 86 venait juste de passer…

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Délestage…

3 novembre 2014,

 

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Alors vint le temps du grand Délestage: les idéologies usées jusqu’à la corde, les principes nécrosés, les pensées arthritiques, les ukases de l’enfance… Georges passait tout ça à la moulinette du doute méthodique.
Quand il ne resta plus rien, Georges alla aux champignons dans le bois Biétri, appelé aussi le bois des morts où s’étaient étripés protestants et catholiques, un hors-d’oeuvre avant la boucherie de 14/18.Il y a des lieux comme ça, prédestinés, il est vrai, mal placés sur la route des invasions romaines, franques, espagnoles et germaniques…(à suivre)

Adagio con spirito…

30 octobre 2014,

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« Une minute affranchie de l’ordre du temps a recréé en nous pour la sentir l’homme affranchi de l’ordre du temps »
Marcel Proust  Le temps retrouvé

Georges nous lut hier de très belles pages
du « Petit éloge du temps comme il va » de Denis Grozdanovitch*,

Tempo lento, adagio con affetto, c0n delicatezza, adagio con spirito…

*Folio-Gallimard

Mise en forme…

15 octobre 2014,

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Lors de ses exercices de mise en forme matinaux, Georges tentait de muscler sa mémoire chancelante en récitant à voix haute et en plein vent la « Prose du Transibérien » , du moins le début, puis il bifurquait vers les morceaux choisis de l’école primaire, les Leconte de Lisle, Albert Samain, José Maria de Hérédia, enfin à court, scandait des onomatopées paléolithiques.

Puis le « silence habité » de la campagne revenait, le halètement lointain d’un tracteur, un chien en chasse, le tintamarre soudain des oies, le vrombissement rotatif d’une débroussailleuse et les hahanements des cygnes survolant le jardin…

Revenu de loin et de tout…

18 septembre 2014,

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Georges renoue avec l’ethnologie de terrain qu’il avait pratiquée à l’âge d’or des années tristes et tropicales.
Il avait à cette époque furtivement rencontré Castaneda, tâté du bourgeon de peyotl, échangé l’herbe du diable et la petite fumée, s’était ensauvagé chez les derniers Ahuracas en voie d’extinction dont il décrivit les moeurs douces et polygames, leur goût pour la paresse et les charades, leur talent pour la commedia del arte et le tango, leur science des herbes et leur anarchisme tranquille. Son livre, illustré d’admirables aquarelles, de dessins, de  croquis savoureux et de planches de botanique, fut ignoré. On l’oublia, lui et ses indiens.
Georges alors poussa sa vie comme il put, c’est à dire sans éclat, en taoïste sceptique et souriant.
Et maintenant, revenu de tout,il part au loin à la chasse aux souvenirs…

Satin night

18 juin 2014,

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Georges herborise…

9 juin 2014,

 

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Georges herborise, Georges fait un herbier,
Georges calligraphie dans une belle Anglaise en gracieux pleins et déliés les noms latins et vernaculaires des plantes qu’il a amoureusement séchées,
Georges s’adonne à la taxinomie et à la systématique. Il circule entre les règnes, s’oriente aux embranchements, classe les phylums, détermine les espèces et les genres.
Georges ordonne le monde, ventre à terre, dans la rosée du matin, Georges est heureux.

Affinités palmiphiles

19 mai 2014,

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Ce soir, Georges reprendra la conversation silencieuse avec son palmier, interrompue il y a des années,  pour cause de fuite en avant…

Le Phoenix est en pleine vigueur, la vie s’organise autour de lui, il est l’arbre de vie, le pilier du ciel…
Les errances de Georges l’ont ramené à son point de départ.
II n’a appris qu’à tourner en rond et à se perdre.
Le moment est venu de regarder en haut…
Georges jouera pour lui la musique des dunes, des notes de oud roses et bleues…

Avant de fermer les yeux, sous les palmes, il lui posera la Question…