Archives d’un auteur

Karma

29 décembre 2010,

Karl était un vautour, un charognard, un détrousseur de cadavres, une hyène se repaissant des échecs d’autrui. Combinateur prodige, il tendait des pièges sophistiqués dans lesquels s’empêtraient irrémédiablement ses concurrents éventuels, n’hésitant pas à les enfoncer un peu plus encore. Son aura démoniaque lui attirait des Dalila traîtresses, des Salomé voluptueuses, des Lucrèce cyniques, d’avides Lola, des Mata-Hari perfides, Kali, la dernière femme, lui fut fatale. C’était une mante, elle le dévora, religieuse, elle l’envoûta et le convertit. Jaïn, il va nu sur les routes, balayant devant soi avec son pichi de plumes de paon.
Je m’attends un jour, à le revoir ici, gourou entouré de jeunes dévotes, prônant la Vie sauvage, l’art du oud, du croquis rapide et de la décroissance.

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Une Chabada rosicrucienne

22 décembre 2010,

C’est au Cours élémentaire de la rue de Picpus que Georges se lia avec Erik Satie, Berthe, plus jeune, sévissait en Maternelle.
Georges voulait être paléographe, et Erik pompier-chef. Leurs vocations les séparèrent.
Plus tard, Berthe devint la muse d’un Nabi qui se fit moine et la quitta. Elle s’éprit de Georges qui ainsi, retrouva Erik.
Icelui, Grand Prêtre de « l’Eglise Métropolitaine d’Art de Jésus Conducteur » en fit son Maître de chapelle.
On lui doit cette allègre Chabada rosicrucienne pour hautbois, de rythme argentin, à la sensualité trouble.

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L’apprentissage de la marche de Jean-Louis Hue

3 décembre 2010,

Voilà un livre de long cours et de grand air, sans graisse, précis, subtil, pour ne pas alourdir le pas, ni inutilement fatiguer. Livre d’ équilibre mêlant judicieusement érudition savante, anecdotes et humour. Livre d’observation de celui qui va marchant, ruminant ses pensées. Jean-Louis Hue (qui fut de l’équipe du Sauvage, puis plus tard rédacteur en chef du Magazine Littéraire) est parti sur les traces des écrivains marcheurs.

C’est un chasseur, un pisteur, il vérifie les itinéraires décrits, tente de dissiper les flous des narrations, il est en communion sans jamais s’identifier, il garde la bonne distance, il a du flair. Il note amusé, les vantardises de celui-ci, les approximations de l’autre, toujours en sympathie, il entre dans leur démarche jusqu’à se laisser “prendre par la main par la canne de Jean-Jacques Rousseau” et de célébrer les bâtons de marche, badines et autres joncs…

Et ces écrivains ne sont pas des moindres: Pétrarque avec qui il gravit le mont Ventoux, en état de “concupiscientia” paysagesque, car la vraie ascension qui compte est celle de âme vers Dieu. Les moines peintres taoïstes et gyrovagues Shi-Tao et Xu Xiake, le délicieux Basho qui “marche en comptant ses mots”et parsème ses haïkus à tous vents…

Louis Capet dit XIV qui dans sa “manière de montrer les jardins de Versailles” nous enjoint à une promenade royale autant qu’autoritaire, Jean-Jacques au Val Travers, son paradis suisse, méditant, marchant hygiéniquement, inventant la promenade botanique…

Tous les chapitres sont autant d’invitations à des balades, en ville avec Sébastien Mercier, sur les Boulevards avec Balzac, filant “l’homme des foules” avec Baudelaire, … à la montagne avec Saussure, Töpfer, WordWorth, H.D. Thoreau et Flaubert, et Walser, et Stevenson, et Jacques Lacarrière… Les citer tous serait fastidieux, il faut y aller voir, suivre les itinéraires balisés de l’excentrique Claude François Denecourt, flécheur des sentiers de Fontainebleau… Jean-Louis clôt par le “Chemin des chemins”: Compostelle, la gloire du marcheur, il n’épargne pas sa peine, décrit les chemins rudes de l’Aubrac, les départs au petit matin qu’imposent les moines, son éblouissement devant la Cathédrale…

On sort de là tout ébouriffé de souvenirs, l’âme heureuse d’avoir tant vu, plein de gratitude…

Lisez Jean-Louis , vous jubilerez de bonheur littéraire, de son écriture, de son humour tendre et nostalgique, de cet art qui lui appartient, de témoigner avec élégance sans se mettre en avant et de cet amour pour tous ses compagnons marcheurs et rêveurs ….

(Grasset éditeur, 17€, 232 pages)

Daniel Maja

La caverne

27 novembre 2010,

Les derniers jours de novembre, nous allions à la Grotte-des-pis, ses stalactites mamelliformes nous rappelaient les temps heureux des tétées roses, de la satiété douce qui précédait le sommeil, de la plongée vers des inconscients océaniques.
Nous voguions, béats, allongés sur le sol tiède vers la « regressio ad utero ».
Quand on se réveillait, il ne nous fallait pas plus d’un quart-d’heure pour rejoindre le « Café des Sports », y ingurgiter un café trop corsé, plutôt Robusta amer qu’Arabica suave, mais ça remettait sur pieds.
On épluchait la presse locale, la nécro et les annonces matrimoniales, tandis que Georges dessinait sur les vitres embuées des figures énigmatiques…

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Esturgeons

16 novembre 2010,

L’effet de surprise passé, nous nous habituâmes à leurs lentes reptations, à leur souffle rauque, à leur caractère placide.
Ils remontent du sud, depuis que les mers se sont réchauffées. Ils cherchent leur nourriture dans les zones d’épandage des bords des cités. Leurs chants, la nuit, semblent des sanglots étouffés.
Alors, ne résistant plus, toute la ville sort sur les terrasses et les balcons pour pleurer tout son soûl tandis que les fraternités entonnent les “lamentatios” et qu’aux barbacanes s’allument les feux.

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Noeuds

15 novembre 2010,

Il dit: ” Quand la situation est trop embrouillée, quelques frappes chirurgicales ici et là suffisent à la dénouer!”
Georges penche plutôt pour la non-intervention, laissant les parties en présence se démêler toutes seules….
Ce disant, ils s’éloignent, l’esprit en paix.

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Savoir-vivre

8 novembre 2010,

Depuis sa mémorable rencontre avec Vendredi, Georges R. s’efforçait de lui inculquer les fondamentaux de “ la Bonne Education“.
Bien que peu doué, V. était d’une désarmante bonne volonté mais ses progrès étaient patents…

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A l’heure dite

5 novembre 2010,

Il ne se passa rien. L’éclipse fut remise à une date ultérieure.
Georges, retardé, avait oublié de se mettre à l’heure d’hiver…
Il faudra attendre la prochaine conjonction, quelques lustres tout au plus…

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Le pèlerin des brumes

1 novembre 2010,

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