Archives d’un auteur

quelques degrés de plus…

7 avril 2011,

Depuis qu’est attestée l’inéluctabilité de la fonte des pôles, la disparition totale de la banquise et la hausse du niveau des océans, nos stages de “marche sur échasses” sont en progression spectaculaire ces derniers mois, celle-ci devrait se poursuivre ces prochaines années avec un développement prometteur à l’international…

Incubation…

2 avril 2011,

Edouard Lear  et quelques autres tentèrent de réactiver l’esprit des thérapies antiques, on dormait à même la terre, les songes venaient par incubation…

Au matin, on interprétait les rêves, pieds-nus non lavés comme autrefois les prêtres d’Asclépios …Les diagnostics étaient obscurs et incertains, on repartait l’âme songeuse et poétique, pleine de frissons chtoniens…

C’est dans ces dispositions que Georges fit connaissance de la belle Hélène aux nattes blondes, venue en curieuse et repartie en couple…

Exultate 131

30 mars 2011,

Tout fichait le camp, le césium 137, les emplois, les oies sauvages, les abeilles, le latin, la dette publique, le kilowatt/heure, le café, la couche d’ozone….
Georges avait alors des joies subites, des exultations océaniques, des jubilations explosives, il célébrait la Création, le mouvement des nuages, la respiration des marées, la Danse de la Vie…
Peut-être que l’iode 131 venu de la mer l’excite un brin…

A l’écart…

8 mars 2011,

Le monde entra en convulsions. On pronostiqua à tors et à travers, les prophètes médiatiques vaticinaient, les voiles se déchiraient, la vérité crue éclairait les arrières-cours, les culs de basses-fosses et de basses-oeuvres.
Certains, parmi les meilleurs s’ensauvagèrent, d’autres se  retirèrent, hors des villes, dans des monastères, cultivant l’amitié et un épicurisme bien tempéré. Ceux-là, sur les pentes du Monte-Véritas dansaient tout nus au soleil, ceux-ci bêchaient leur jardin et élevaient des oiseaux-chanteurs…
Georges pérégrinait de ci de là, comme il avait l’humour taoïste, il réjouissait ses hôtes d’histoires saugrenues dont le sens profond  se révélait bien après son départ…

El fin del mondo

20 février 2011,

Georges était parvenu à ce point extrême qu’on appelle « el fin del mondo ».
Il avait traversé des jungles de sabals, de syagrus géants, d’arécas à bétel, de pachiras macrocarpa, de quinquinas rouges, d’odorantes draculas, d’envoûtantes lycastes, accompagné des cris des tamarins labiés et des singes hurleurs, il avait fait fuir le raton crabier, s’était garanti des vampires à pattes velues, des mygales trondaines, avait croisé la route des pumas…
Et maintenant, face à l’Océan infini, à l’horizon mouvant, Georges prit la décision qui s’imposait:
Il marcha sur l’eau

Attente

6 février 2011,

J’étais là, tranquillement, à attendre le printemps et la fin du monde.
Les taupes avaient bosselé le jardin en progressant vers la maison.
Georges était parti vers l’ouest des Brumes, une péniche l’avait pris au lever du jour.
La veille, de la terrasse, on avait observé les ragondins qui broutaient tout leur soûl, au soleil pale.

Rencontre

24 janvier 2011,

Pendant la traversée, le vent cessa soudain, nous dûmes jeter l’ancre. Un désert minéral nousentourait, avec ça et là de rares palmiers bleus. La nuit reconstitua nos forces et c’est à l’aube que nous les vîmes s’approcher, Lui et l’Oiseau. Des légendes courraient sur leur compte colportées par des voyageurs…

Ils firent leur spectacle: l’Oiseau exécuta de savantes cabrioles rythmées par un tambourin jaune, Lui psalmodiait d’étranges incantations.Le silence s’imposa, du sable montait une odeur de cannelle, des milans noirs nous survolèrent à plusieurs reprises…
Qu’ont-ils voulu nous confier que je n’ai pu, jusqu’aujourd’hui, déchiffrer…

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la fuite de mademoiselle Berthe

12 janvier 2011,


Mademoiselle Berthe partit la première. A l’époque, c’était une adolescente un peu empesée dans ses manières mais d’un tempérament impétueux, un volcan sous la banquise…

Un désastre familial survint qui la fit héritière d’une fortune considérable qu’elle plaça judicieusement.
La Patagonie sauvage l’attirait, elle s’y enfuit, elle parvint en Terre de Feu, c’était son élément.
Elle apprit le patagon, s’emmouracha d’un bâtard d’Antoine de Tounens, roi d’Araucanie.
Les gérants suisses de ses comptes lui envoient régulièrement ses dividendes.
Elle a fondé un hôpital, une distillerie d’aquavit et une église locale où des indiens alacalufes invoquent le Grand Lièvre Rédempteur, père des Hommes-aux-grands-Pieds.

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Viva 2011

1 janvier 2011,