par Michèle Valmont
Reprise de « Des souris et des hommes » de John Steinbeck au Théâtre 14. D’emblée, devant l’intelligente sobriété du décor fait de palissades et de caisses en bois superbement éclairées par Jacques Rouveyrolis, on est dans un ranch de l’Amérique des années 30.
Ses habitants sont des hommes misérables, rustres, violents, enfermés dans une solitude dont la seule échappatoire est le bordel du samedi soir. C’est là que se présentent comme ouvriers saisonniers George et Lennie. L’histoire de la pièce est avant tout celle de leur indéfectible amitié. George remorque depuis des années Lennie, un doux dingue, gros pataud inconscient de sa force colossale qui lui fait involontairement étouffer les chiots qu’il chérit et les souris, quelles qu’elles soient, qu’il tente de caresser. George aime et protège Lennie contre tout et tous ; son seul espoir est d’amasser un pécule pour s’installer avec son ami dans une petite maison, qu’il ne cesse de lui décrire comme un leit-motiv tout au long de la pièce jusqu’au drame final causé par la débilité dévastatrice de Lennie.
La mise en scène est époustouflante de réalisme ; les dialogues de Steinbeck simples et directs, à l’image des personnages qui apparaissent souvent agaçants voire odieux, mais toujours profondément émouvants.
Le plus attachant est sans conteste le vieux Candy, admirablement incarné par Jacques Herlin, mais les autres comédiens, dirigés avec une remarquable maîtrise par Anne Bourgeois, sont plus que convaincants.
Enfin il y a George, Jean-Philippe Evariste, et Lennie, Philippe Ivancic, comédiens et metteurs en scène. Jean-Philippe Evariste étonne par son élan et sa vivacité, quant à Philippe Ivancic, il est tout simplement prodigieux. Il EST Lennie dans sa voix, ses intonations, ses gestes. Sa sincérité totale provoque chez le spectateur attendrissement et compassion.
Il est rare d’éprouver une émotion aussi intense dans une salle de spectacle. Allez vite en faire l’expérience !
Michèle Valmont
Théâtre 14 : 01 45 45 49 77