Le hasard d’un voyage d’agrément m’avait amené près de Konya. Mon Hôte d’alors me fit comprendre qu’un évènement important allait advenir. Un concert ornithologique devait avoir lieu à l’écart de la ville. C’est là que je fis la connaissance de Mehmet, il était attendu par l’assemblée, dont je sus plus tard être composée de soufis. Il apparut comme un prince, des aides portaient des cages. Puis ce fut, aux dires des initiés une « Conférence des Oiseaux », tour à tour chantèrent la Huppe fasciée, les canaris, les rossignols, des perroquets récitèrent des poèmes, un paon blanc brailla. Je ne sais si le Simurgh entendit leurs appels, peut-être même vint-il au cours de la nuit…
Le lendemain, Mehmet m’accorda une entrevue, il était descendant des Sabbatéens, ces juifs qui s’étaient convertis à l’Islam à l’instar de leur Prophète Sabbatai Tsevi au 17ème siécle, il appartenait aussi à une confrérie soufi. Sa conversation était à la fois profonde et moqueuse, alternaient des vers de Rûmî et des histoires de Nasreddin.
De l’eau fraiche, des baklavas, des tchourtchkhelas aux noix, et cet admirable ayva tatlisi aux coings, le Paradis…