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Par Charles Ribaut
Les évènements de Catalogne et le récent succès des nationalistes aux élections corses ont amené plusieurs journalistes à faire un parallèle entre ces deux régions méditerranéennes. Sauf effondrement majeur de la civilisation industrielle européenne (2), la Corse devrait pourtant rester au sein de la nation française. Autonomie renforcée peut-être, indépendance non. Pourquoi ?
Tout simplement parce que contrairement à certaines déclarations nationalistes, il n’y a pas lieu d’évoquer un phénomène colonial. S’il y a une telle relation, c’est plutôt la Corse qui aurait colonisé la métropole. Il n’y a pas d’exploitation de l’île par le continent.
– Les flux économiques d’abord : les impôts levés par l’état français en Corse ont un montant bien inférieur aux subventions, aides et pensions versés du continent vers l’île de beauté, sans parler du manque à gagner procuré par quelques avantages fiscaux destinés à compenser l’éloignement insulaire.
– La problématique prospérité économique potentielle ou actuelle gagée par une population 20 fois inférieure à celle de la Catalogne.
– Les fonctions de responsabilité exercées sur le continent par des membres de la diaspora corse, qui n’ont pas perdu le contact avec leurs racines insulaires. Même si cette constatation est moins valable que du temps où même le maire de Paris était corse (3), les maires et adjoints de la région parisienne issus de cette diaspora sont en pourcentage bien plus élevé que la proportion de corses au sein de la population française (qui est de l’ordre de 1/100).
Je me suis laissé dire par une personne qui y travaillait que dans les hôpitaux marseillais, on trouve beaucoup plus de corses parmi les grands patrons que parmi les brancardiers.
D’après la répartition des actifs corses selon les activités professionnelles établie par l’INSEE, il y a en pourcentage davantage de professions libérales et cadres supérieurs parmi les corses du continent que parmi l’ensemble des français, deux fois moins d’ouvriers, trois fois plus de militaires et policiers, deux fois plus d’employés. Je ne suis pas parvenu à savoir s’il y a une évolution dans le temps de ce privilège de la diaspora corse sur le reste de la France. Le cliché de l’adjudant corse comme celui du truand corse relèvent plutôt de la nostalgie, un peu comme les films en noir et blanc et les dialogues de Michel Audiard mais les corses ne sont certainement pas un peuple colonisé.
C.R.
(1) Les français dehors, slogan francophobe remarqué sur des murs en Corse
(2) cette éventualité est discutée dans d’autres articles du Sauvage, ici ou là.
(3) Jean Tibéri
