par Alain Hervé
Gilles Lapouge toutes voiles dehors nous invite à une déambulation littéraire de trois cent cinquante pages de Maupassant à Duras en passant par Tolstoï et Jules Verne. Jusqu’à atteindre une stase langagière jubilatoire en Amazonie. Entre autres.
Allez vite le lire et vous comprendrez. Quand Lapouge écrit il jouit et nous avec lui. Quand il aborde un auteur c’est à rebrousse poil. Maupassant c’est d’abord le goinfre sexuel, Tolstoï c‘est l’imprécateur, Jack London c’est le raciste, Nabokov c’est le lépidoptériste, Simenon c’est le style invisible… Une manière de tenter de comprendre ces étranges créatures que sont les écrivains en les abordant de côté. On devient intelligent en regardant le monde avec ses yeux.
J’ai compris la démarche perverse de Lapouge lorsque je l’ai découvert avec son Equinoxiales dans les années 70. Il m’avait soulevé de terre avec ce petit livre. Perverse parce que qu’inattendue, personnelle. Il entre dans la peau de celui qu’il dissèque. Il se raconte en racontant l’autre. Ce qui fait tout l’intérêt de sa méthode. Vous ne connaissez ni Colette, ni Fitzgerald, ni Steinbeck, ni Poe, ni Agee, ni Mann, ni le sergent Bourgogne, ni Bouvier, ni tous les autres tant que vous ne les avez pas sucés à la sauce Lapouge.
Albin Michel 22€
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