Le titre de l’exposition ne manque pas d’ambition. Les commissaires, Nicolas Milovanovic et Mickaël Szanto, ont eu l’esprit de nous sortir ce Poussin de l’oeuf pour les fêtes de Pâques. Passons.
Il s’agit davantage d’une démonstration que d’une exposition. On en sort convaincu. Nicolas Poussin était un esprit fort. Voyez son autoportrait. Il avait des convictions, il les exprime avec bonheur. Mais ne jamais oublier que nous regardons avec notre oeil du XXIe siècle ce qui fut peint avec une cervelle du XVIIe siècle. En ce temps Poussin souscrivait aux épisodes bibliques avec la foi.
Il était par ailleurs pétri de romanité dans tous les sens du terme. Il vivait et peignait à Rome. Son Evangile et sa Bible affichent des couleurs d’Antiquité.
Ses Ascensions ont du souffle ascendant. Ses Dieu le père et ses Vierges n’ont pas ces visages d’idiots dont tant d’autres peintres, et les plus grands, les ont affligés. Son Annonciation a des accents à la Vinci.
Mon tableau préféré est cependant païen. Le gigantesque Orion aveugle fuyant à travers une forêt lyrique se précipite vers sa mort, que Diane va lui infliger. Il sera transformé en constellation. On pourrait y lire une fable contemporaine de l’homme aveugle devant la Nature qui va l’exécuter.
Cette expo mérite que l’on s’en imprègne pour l’apprécier. Nous ne naviguons pas dans de l’imagerie sulpicienne. Son intitulé peut paraître excessif mais il ne l’est pas. Je ne sais pas s’il faut la recommander à Michel Onfray.