Bernard Maris :“L’homme est un imitateur. Un singe. Un copiste. Un animal qui regarde les autres faire et fait pareil. La copie, l’imitation relèvent de l’essence de l’Humanité. Elles ne sont d’ailleurs que d’autres noms donnés à l’enseignement et à l’apprentissage…Comment apprendre sans copier ? Comment parler sans copier et répéter ? Frédéric de Hohenzollern fit élever douze enfants par des muettes, en leur interdisant de leur parler par signes. Il espérait qu’il parleraient d’eux-mêmes hébreu…Tous moururent. Que serais-je, moi, modeste écrivaillon, sans les auteurs que j’ai lus et admirés ? Et tenté de copier ? J’aurais tellement aimé faire du Debord ou du Balzac…Après m’être noirci les mains dans le cambouis pendant des années, j’ai découvert comment mettre la chaîne de ma moto sans me salir. Erreur répétée, itération et solution : la base de la civilisation! La découverte naît de l’erreur, de la répétition, et…du hasard. C’est en refaisant cent fois un geste, que l’on découvre parfois quelque chose de fondamentalement nouveau. L’imitation et l’apprentissage sont deux grands ferments de l’invention.”
2006. Antimanuel d’économie 2. Les cigales.