C’est le titre d’un film qui peut/doit être vu sur le site Vimeo. Ce film est l’interview alternée de deux scientifiques canadiens, Hubert Reeves l’astronome et David Suzuki, le généticien, qui ont tous deux dépassé leur discipline pour défendre la cause de l’environnement et de la biodiversité.
Je ne connaissais pas David Suzuki et j’ai été complètement séduit par son sourire, son beau visage et son discours simple et percutant. Son nom a stimulé ma curiosité : ce généticien spécialiste de la mouche drosophile porte le nom d’une peste qui ravage les fruitiers, surtout les fruits rouges. Drosophila suzukii s’attaque aux fruits intacts, sans attendre leur fermentation comme le feraient les autres drosophiles. D. suzukii est responsable de la perte d’une bonne part des kakis de mon jardin et ce qui est plus grave, de la quasi totalité de la récolte de framboises d’Anne, fermière de Terre de Liens à La Brigue. J’ai voulu savoir si cette espèce avait été dédiée à David Suzuki mais elle a été nommée en 1931, alors que David est né en 1936 ! Il y a plus d’un Suzuki au Japon, sans parler des motos. Je ne connaissais pas David Suzuki et je ne savais donc pas qu’il était le père de Severn, qui à l’âge de 12 ans avait captivé l’auditoire et le monde entier par son intervention à la Conférence de Rio. Elle a plus tard laissé son nom au film de Jean-Paul Jaud. Du coup j’ai cherché des renseignement sur la mère de Severn, Tara Cullis. Professeure à l’université de Harvard, elle a écrit ou été co-auteure de deux livres traduits en français, Le vol du colibri (2008) et La déclaration d’interdépendance (2010). Je n’ai pas (pas encore) lu ces livres mais j’apprends des sites de vente en ligne que Le vol du colibri tire son titre du récit des tribus amérindiennes Quechan et Haïda, sur la côte du Pacifique, le conte qui a inspiré Pierre Rabhi et le mouvement des Colibris. Severn a de qui tenir…
Je connaissais par contre Hubert Reeves, ce talentueux vulgarisateur, auteur de nombreux ouvrages accessibles au grand public. Plus de 20 ans après avoir lu son livre Malicorne (Seuil, collection Science Ouverte), je me souviens de deux passages de ce livre qui ont été pour moi deux révélations. La première est la notion de sensibilité d’un système aux données initiales, pourquoi même si on connait tous les éléments de ce système et les forces qui le traversent, on ne peut pas, le plus souvent, savoir comment, dans quelle direction, il va changer. La deuxième est la notion que l’Évolution n’est pas une particularité des êtres vivants, comme on me l’a enseigné quand j’étais étudiant, mais qu’elle a commencé avec les atomes et même avant, depuis le big bang. La vie n’est pas improbable, c’est une étape d’émergence à un certain niveau de complexité de la matière. Je n’ai pas vraiment vérifié s’il a écrit cela dans ce livre ou dans un autre mais c’est ce qu’il m’est resté de la lecture d’Hubert Reeves. C’est une hypothèse et je crois qu’à ce jour elle n’est pas partagée par toute la communauté académique mais pour moi cela reste un outil important pour un peu mieux comprendre l’univers. J’ai appris récemment que depuis 2001 il est président de l’association Humanité et Biodiversité.
Ghislain Nicaise