par Charles Ribaut
François Hollande n’a pas voulu entendre le message pourtant très clair des électeurs. Comme l’ont noté plusieurs commentateurs, le succès (relatif quoiqu’on s’accorde à en dire) de l’UMP est beaucoup moins un gain de voix qu’un gain en pourcentage, du simple fait que l’électorat de gauche s’est abstenu. Comme nous le notions à l’issue du premier tour, les écologistes n’ont souffert de la débâcle socialiste que lorsqu’ils s’effaçaient derrière le PS. Leur apport du deuxième tour a assuré le succès d’Anne Hidalgo à Paris. La victoire d’Eric Piolle (EELV) à Grenoble contre le PS local, qui n’avait pas mieux compris la situation que le président de la République, est là pour souligner le message.
Parce que nous pensons qu’elle sera peu diffusée, nous reproduisons ci-dessous la déclaration des deux ministres qui refusent de participer au gouvernement conduit par Manuel Valls. La question qui se pose maintenant à EELV : la majorité de ce parti va-t-elle assumer la pédagogie de la transition écologique avec ce qu’elle comporte d’austérité et de rupture ? Ce n’est pas évident à la lecture de la déclaration des ministres. Aura-t-elle la lucidité nécessaire pour ne pas verser dans la démagogie de la “défense du pouvoir d’achat”, formule qu’il faudrait au moins remplacer par “réduction des inégalités” et “prospérité sans croissance” ?
Charles Ribaut
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Déclaration de Cécile Duflot et Pascal Canfin, Paris, le 31 Mars 2014,
Depuis 2012, nous avons participé au gouvernement conduit par Jean-Marc Ayrault, dans un esprit de loyauté et avec la détermination de faire prendre à notre pays le cours nécessaire à une sortie des crises économique, environnementale, sociale et démocratique qu’il subit.
A ce titre, nous sommes fiers davoir contribué à servir notre pays et à forger des politiques nouvelles dans les domaines du développement, du climat, du logement et de l’égalité des territoires.
Au delà de nos domaines ministériels, nous avons plaidé avec vigueur pour que la politique conduite soit plus inventive, plus efficace, plus moderne, plus ambitieuse, en rappelant que l’austérité ne pouvait être l’horizon de la majorité de gauche et des écologistes (souligné par le Sauvage).
De ce point de vue, l’ampleur de la défaite scellée dimanche soir, constitue plus qu’un avertissement. Cest une lourde sanction. Ce qui a été sanctionné lors des deux tours des élections municipales, cest la distance prise par la majorité actuelle vis à vis de son pacte fondateur, et le peu d’allant écologique et social de la politique conduite.
Il faudra tirer en détail toutes les leçons de ce scrutin. Mais d’ores et déjà, nous croyons nécessaire qu’un autre chemin s’ouvre en France et en Europe, pour reconstruire l’espoir. Nous entendons y contribuer avec conviction et esprit de responsabilité.
Ce nest pas un simple changement d’équipe qu’attendent les Françaises et les Français, mais c’est avant tout un changement de cap qui réponde à la demande de réforme, de justice, d’écologie et de modernité du pays. Nous prenons donc nos responsabilités.
Ce n’est pas une question de personne, mais bien d’orientation politique. Nous croyons, pour notre part, qu’un élément est décisif pour répondre à la crise civique et morale : la cohérence des discours et des actes. Les idées portées par le nouveau Premier Ministre depuis plusieurs années, notamment lors de la primaire du parti socialiste ou comme Ministre de l’Intérieur ne constituent pas la réponse adéquate aux problèmes des Françaises et des Français.
Nous pensons qu’un nouveau cycle politique doit souvrir : la construction de solutions innovantes ne pourra pas se faire dans une orthodoxie parée du masque du changement. Pour répondre aux enjeux de la période, c’est bien un nouveau modèle qui doit éclore, qui conjugue l’excellence écologique, l’innovation économique et le volontarisme social.
Avec franchise et lucidité, nous en tirons donc toutes les conséquences et n’entendons pas participer à ce nouveau gouvernement que nous assurons de notre vigilance la plus haute mais aussi de notre solidarité chaque fois que le cap choisi sera le bon.
Cécile DUFLOT et Pascal CANFIN
le 31 mars 2014, 22h20