En ces temps troublés les écolos se demandent s’ils sont de gauche ou si cette référence n’a plus de sens. Que l’écologie politique se réfère encore au corpus droite/gauche ne l’aidera pas à montrer sa différence. Il n’y a plus que deux tendances pour le XXIe siècle, le nationalisme type Front national (auquel on peut joindre FLNC, ETA, etc.) et l’écologisme : ceux qui ont une volonté de toute puissance et ceux qui ont le sens des limites. Voici quelques textes historiques de référence
En 1978 : le père de Pierre Moscovici
« Nous sommes à la gauche de la gauche. Cela veut dire que nous sommes proches de la gauche sur un certain nombre de points (rémunération, organisation des entreprises, internationalisme, etc.) ; mais sur d’autres points, c’est nous qui représentons la gauche, notamment pour tout ce qui a trait aux rapports à la nature, à l’utilisation des ressources, à l’autonomie des collectivités, au productivisme, à la croissance. Car, bien souvent, les hommes et les partis de gauche se sont éloignés de ce qu’on appelle le socialisme et, ce faisant, ont laissé un vide qu’on nous appelle à combler. »
Serge Moscovici dans son livre : De la nature, pour penser l’écologie
En 2005, Une gauche qui ne se dit plus de gauche
Jean-Paul Besset, issu de la ligue communiste révolutionnaire, a fini par « rompre le cordon :
– Tu n’es donc plus de gauche ?
– Non.
– Tu ne te sens pas un peu à droite ?
– Pas plus. De toute façon, aujourd’hui, c’est à peu près pareil.
– Quand même…
– Si, si, franchement. La carrosserie change un peu mais le moteur reste le même.
Le capitalisme et le socialisme participent de la même valeur productiviste, et si le second avait triomphé plutôt que le premier, nous serions probablement arrivés à un résultat indique. La lutte contre l’exploitation des uns et l’arrimage aux privilèges des autres ne peuvent être confondus, mais un même corpus idéologique lie les deux mouvements. Ce qui les rassemble demeure plus fort que ce qui les oppose. Pour basculer vers la société durable, nous n’avons besoin ni de la droite, ni de la gauche. D’un même mouvement, elles se refusent à prononcer les mots qui fâchent – limites, décroissance, sobriété, modération, écotaxes – et elles n’envisagent de changements qu’à l’étalon des mots usés – modernité, développement, progrès. »
Comment ne plus être progressiste…sans devenir réactionnaire de Jean-Paul Besset (Fayard, 2005)
En 2009, une droite qui se dit écologiste
« On entre en politique, adolescent, pour faire bouger les choses. Lorsque j’en ai éprouvé le besoin, et rien n’a changé depuis, il m’a semblé que le levier du mouvement était à droite, quand la gauche française me paraissait vouée à la répétition vaine de principes dont elle faisait, au mieux, une sorte de vêtement de l’inertie. L’invocation permanente de la justice sociale, du partage, et du « pluriel », tout cela ne n’habillait plus rien, ne disait plus aucune espérance. Mon engagement s’est fait à droite, auprès d’un parti politique qui s’appelait encore le RPR. Il s’est fait avant tout en faveur du mouvement social, de l’initiative, et contre les conservatismes… Qu’on le veuille ou non, c’est bien la droite qui a porté en France la législation environnementale, qui lui a donné un principe constitutionnel et qui a organisé la première véritable concertation publique sur l’ensemble de ces enjeux : création en 1971 du ministère de l’environnement par Georges Pompidou, loi Barnier en 1995, Charte de l’environnement en 2005 et « Grenelle de l’environnement » lancé en 2007. »
Nathalie Kosciusko-Morizet dans son livre Tu viens ?