Le 19 octobre dernier paraissait un Avis des Académies nationales d’Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences, des Technologies, et Vétérinaire sur la publication récente de G.E. Séralini et al. sur la toxicité d’un OGM. L’Académie de Médecine nous avait habitué à des déclarations partisanes peu dignes d’une telle institution mais cette fois il semblait que six Académies, y compris la plus respectable Académie des Sciences, s’unissaient pour dénoncer les lacunes, en particulier statistiques, qui leur semblaient entacher de nullité l’étude de l’équipe Séralini sur le maïs NK603 de Monsanto.
Paul Deheuvels est ce membre de l’Académie des Sciences qui a témoigné de la validité statistique de l’étude incriminée, témoignage d’autant plus fort que Deheuvels semble être le seul statisticien de ces six vénérables assemblées.Il a aussi dénoncé la manoeuvre qui avait consisté à réunir clandestinement deux personnes par Académie pour rédiger un communiqué partisan au nom des six Académies alors qu’il n’engageait que les académiciens cooptés.
Paul Deheuvels n’est plus seul, le 14 novembre est paru dans Le Monde une déclaration signée par 140 scientifiques, “profondément choqués de l’image de (leur) communauté que cette polémique donne aux citoyens”. Ils dénoncent le putsch de la douzaine d’académiciens scientistes. Les signataires concluent : “nous tenons à assurer à nos concitoyens qu’il existe également, dans la communauté scientifique, un nombre important de chercheurs qui sont convaincus qu’il faut prendre au sérieux les risques associés aux technologies et qui estiment que, si les chercheurs d’une part, et les applications sociales de la science d’autre part, sont par construction liés à des idéologies, des croyances et/ou des intérêts, la démarche scientifique doit, elle, s’efforcer de rester aussi indépendante que possible pour jouer pleinement son rôle dans la société”.