Il y a bientôt dix ans, un candidat du PS avait confessé que « son programme n’était pas socialiste ». On vit le résultat : Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002.
Pour l’élection de 2012, les Verts s’apprêtent à faire encore plus fort : introniser une candidate, Eva Joly, qui… ne parle pratiquement jamais d’écologie. Un choix qui, en dépit de l’engouement actuel en la faveur de l’ancienne juge, pourrait se révéler catastrophique pour le mouvement écologique.
Au fil des nombreuses interviews données par Eva Joly ces derniers mois, on a du mal à trouver le moindre message fort et structuré sur la lutte contre le bouleversement climatique (alors que les négociations internationales se poursuivent discrètement), la préservation de la biodiversité (dont c’est pourtant l’année) ou la marée noire du Golfe du Mexique.
On peut s’étonner en outre de ce que l’écologie, mouvement dont les racines sont en partie libertaires, envisage de choisir comme porte-drapeau une adepte de la répression et de l’emprisonnement préventif à tout va (mais seulement contre les riches et les puissants…).
A l’évidence, le choix en faveur d’Eva Joly s’explique par des rapports tactiques complexes au sein de la galaxie Verts-Europe-Ecologie. A quoi s’ajoutent des sondages pour l’instant plutôt favorables…
Mais la « bulle » Eva Joly risque fort de se dégonfler une fois que les électeurs auront décelé la quasi-absence des thématiques écologiques dans son discours.
Et cela d’autant plus que cette situation libère un espace pour une autre candidature, celle-là centrée sur l’écologie. Une Corinne Lepage, voire un Jean-Louis Borloo pourraient s’engouffrer dans la brèche et tirer les marrons du feu.
A moins que les Verts – Europe Ecologie se resaississent et choisissent in fine un candidat authentiquement écologiste. A ma connaissance, seul Yves Cochet est sorti du bois (vert) et s’est déclaré candidat à la candidature. Cet « écolo historique », qui connaît à fond ses dossiers, saura-t-il sortir de son personnage un peu cassant du scientifique qui a toutes les réponses et de son apologie de la décroissance, thème à mon avis porteur de confusion et de toute façon peu populaire ? Pas évident…
Cependant, une candidature d’Yves Cochet apparaît aujourd’hui comme la seule alternative à la résistible vague en faveur d’Eva Joly. Sauf à imaginer que Nicolas Hulot sorte de sa réserve (naturelle) pour rallier tout le monde à son drapeau…
Laurent Samuel