Carl Friedich Philipp von Martius
Taschen éditeur
L’œuvre d’une vie publiée en trois volumes in folio entre 1823 et 1853 vient de reparaître.
Rassurez vous, malgré le titre en anglais, il est également traduit en français. Ce livre mythique ne subsistait qu’à quelques exemplaires valant des centaines de milliers d’euros. Il ne coûte plus que 99,99 euros. Et pour le prix vous aurez cinq kilos de papier relié. Et de prodigieux cadeaux de Noël à portée de la main, sinon du portefeuille.
Les trois volumes ont été ramassés en un seul d’un format un peu inférieur à l’in folio soit 43/31 centimètres. Mais l’objet reste une merveille. La qualité de l’impression est superbe et sur 442 pages on retrouve aussi bien des détails que des vues d’ensemble des palmiers.
Ainsi nous pouvons saluer von Martius dont nous connaissons la devise : In palmis semper parens juventus, in palmis resurgo (Parmi les palmiers je me sens toujours jeune, parmi les palmiers je ressuscite).
Résurrection en effet, mise en scène avec virtuosité par H. Walter Lack, directeur du jardin botanique et du musée botanique de Berlin. On peut dire que Martius fut l’inventeur des palmiers pour les Européens, qui les ignoraient. En 1753 Linné en avait répertorié neuf espèces seulement et n’en avait vu que quatre ! Seuls Humboldt et Bonpland avaient entamé l’ouvrage d’investigation au cours de leur voyage en Amérique du Sud de 1799 à 1804. Ils en avaient répertorié une centaine.
Certes nous sommes encore très loin des connaissances contemporaines répertoriées dans le Genera Palmarum de Uhl et Dransfield .
Mais ce qui est très émouvant c’est d’assister à la naissance d’une passion exclusive en même temps que d’une science botanique.
La prodigieuse attention portée aux détails de la plante dans les dessins de Martius nous ouvre les yeux sur les mystères du cœur contourné des palmiers, sur la beauté des fleurs, sur la sensualité des fruits, sur la sexualité des gousses de graines. Le monde végétal apparaît comme un immense répertoire de formes vivantes. On plaint ceux qui ne voient que du vert dans la nature. Avec les palmiers observés dans la forêt primaire, on pénètre dans l’imaginaire devenu la profusion du réel.
La nature rêve, et raconte ses rêves dans le cœur des palmiers.
Même si les noms latins d’identification des plantes ont évolué, on trouve déjà l’Oenocarpus , les Phoenix, les Syagrus, les Chamaerops, les Trachycarpus, les Borassus, les Calamus…
Une vie entière consacrée aux palmiers au retour d’un périple de 2.250 kilomètres pendant trois ans, de 1817 à 1820 à travers le Pérou et le Brésil, se trouve résumée dans ce volume.
Et il ne faut pas oublier que Martius rapportait une collection de cent cinquante mille objets et plantes et n’avait que vingt six ans lorsqu’il est rentré à Munich !
Sur son portrait , von Martius apparaît un peu triste, ce n’est pas le cas de son œuvre jubilatoire sur les, palmiers.
Vous pourrez en savoir plus sur ce livre en allant sur le site : Taschen books palms.
Alain HERVE